Ne jamais sous-estimer un système automnal

L’arrivée de l’automne signale la fin du temps chaud et le retour prochain de la neige. C’est une saison de transition, un moment de l’année qui nous amène de l’été vers l’hiver. Mais cette période permet à des masses d’air complètement différentes de se côtoyer. Le résultat peut être explosif.

La recette à la base de la météo est assez simple. Il faut conjuguer chaud, froid et vapeur d’eau. Cette dernière se retrouve partout sur Terre en plus ou moins grande quantité. Faible, mais quand même présente dans le Sahara, elle est à l’opposé très abondante en Amazonie. Partout sur notre planète, l’atmosphère contient une certaine quantité de vapeur d’eau. Il faut maintenant que de l’air chaud rencontre de l’air froid pour qu’un système se forme.

Contrairement à l'eau qui sort de votre robinet, lorsque de l'air chaud rencontre de l’air froid, on n’obtient pas de l’air tiède. Les deux masses d’air ne se mélangent pas, elles réagissent. Cette réaction, c’est la formation de nuages. La différence de température entre ces deux masses d’air a une grande importance. Plus elle est grande, plus la réaction sera importante. Il se forme alors des systèmes dépressionnaires très intenses qui peuvent générer des vents forts et déverser de grandes quantités de pluie.

Puisque l’automne est une saison de transition qui nous fait glisser de l’été vers l’hiver, il est plus facile pour deux masses d’air de températures bien différentes de se rencontrer. Les épisodes de précipitations sont bien différents en automne par rapport à ceux qui se produisent en été. L’été, la pluie est plus souvent associée à l’instabilité. Elle est plus intense qu'à l'automne, mais dure moins longtemps. En automne, les épisodes de tempête peuvent s'étirer sur quelques jours et sont causés par une dépression qui s’est intensifiée à la jonction entre deux masses d’air aux caractéristiques bien différentes.

Cette grande différence de température fait que l’air chaud s'élève très rapidement au contact de l’air froid. Ce phénomène est responsable d’une rapide chute de la pression atmosphérique. On dit alors que la dépression se creuse. Plus la pression diminue à l’intérieur d’un système, plus celui-ci générera des vents forts. Cette dépression aura aussi la capacité de déverser des quantités appréciables de précipitations. Le courant-jet se positionne à la jonction de ces deux masses d’air de température bien différentes. Il deviendra alors un joueur majeur dans la formation d’une tempête automnale.

Les tempêtes automnales sont souvent remarquables dans l’est du Québec. Surtout si plusieurs éléments sont réunis. Un système qui a une pression très basse gérera beaucoup de vent. Si les vents soufflent du large vers la côte, ils poussent l’eau sur le rivage et ainsi augmentent le risque d’inondation. Rajoutez à ça une marée montante pendant les grandes marées d’automne et vous avez la recette parfaite pour un débordement et une érosion accrue des côtes.

Des tempêtes automnales célèbres

Octobre 2019 50 municipalités du Québec ont annulé et reporté la collecte de bonbons de l’Halloween à cause d’une vigoureuse dépression. La tempête a produit des vents de 100 km/h qui ont soufflé durant 11 heures. Certaines régions du Québec ont reçu presque 100 mm de pluie en seulement 5 heures. Cinq personnes perdent la vie et l’on estime que le système a fait près de 190 millions de dollars de dégâts.

Octobre 2012 Les restes de l’ouragan Sandy, qui a frappé la région de New York, continuent leur course avec une rare intensité. En touchant terre, le système contenait encore beaucoup d’air chaud. Il y avait cependant une masse d’air froid sur le nord-est du continent. La recette était parfaite pour créer ce que les médias américains ont appelé le Frankenstorm. Le système est responsable du blizzard qui a frappé certaines régions de la Virginie-Occidentale. On estime à 65 milliards les dégâts causés par la tempête qui est aussi responsable de la perte de 157 vies.

Octobre 2020 Cette tempête automnale a durement frappé la région de Lanaudière. En plus de vents violents et de quantités de pluie importante, certains secteurs ont été bombardés par des grêlons de la taille de balles de golf. Non seulement des maisons et des voitures ont été endommagées, mais plusieurs agriculteurs ont observé des dégâts dans leurs champs. Certains estiment que 75 % de leur culture de soya a été perdue.

Octobre 2021 Une dépression qui s’est rapidement intensifiée traverse le Québec. L’est de la province a reçu plus de 70 mm de pluie tandis que les autres régions de la vallée du Saint-Laurent ont enregistré entre 30 et 50 mm. Plusieurs régions du Québec ont été balayées par des vents soufflant jusqu'à 80 km/h.