Catastrophe en Espagne : 200 morts, un an de pluie en huit heures
L'Espagne est en état de choc. Plus de 150 personnes ont perdu la vie après les pires inondations depuis plus de 50 ans dans le pays. Et le bilan pourrait s'alourdir.
Un an de pluie
C'est la partie sud de la région de Valence, sur la côte méditerranéenne, qui a subi le plus gros choc. Il y est tombé 491 mm de pluie en seulement huit heures, entre le 29 et le 30 octobre. La moyenne annuelle y est d'autour de 450 mm. C'est donc plus d'un an de pluie en à peine huit heures. Jeudi, une grande portion de la ville de Valence était encore submergée, comme en témoigne une photo aérienne de la NASA.
« Dana »
C'est une goutte froide, ou « Dana » (depresion aislada en niveles alto) comme on l'appelle en Espagne, qui est responsable de ce déluge. C'est une masse d'air froid sans limites de front qui la sépare des masses voisines. Une goutte froide mène habituellement à une circulation atmosphérique de blocage, qui va former une dépression coupée d'altitude. Quand la goutte s'étend en altitude, elle se déplace lentement, et l'air y est instable. Ça peut alors créer des bandes de précipitations très intenses durant plusieurs jours.
Des orages tenaces
Comme si ce n'était pas suffisant, des orages stationnaires se sont créés. Des cellules orageuses se déplacent, puis se reforment dans la direction inverse, ce qui laisse croire que les orages font du surplace, ce qui n'est pas vraiment le cas. Évidemment, ces cellules déversent d'énormes quantités de précipitations sur une surface limitée.
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Alertes tardives
L'agence nationale météorologique espagnole a bel et bien émis dès mardi matin une alerte rouge pour la région. Mais ce n'est que vers 17 h que les mesures de secours ont été mises en œuvre. La sirène de la protection civile qui avertit les habitants de Valence de ne pas quitter leur domicile n'a sonné qu'après 20 h, alors que les pluies étaient déjà très intenses, et qu'il était peut-être même trop tard pour une grande partie de la population. Plusieurs personnes ont d'ailleurs péri dans leur voiture. Des centaines de véhicules ont été emportés par les torrents engendrés par les pluies diluviennes.
Bouchons
Cet amas de véhicules a évidemment créé un bouchon sur plusieurs artères. Des routes ont également été emportées par les eaux déchaînées. Des ponts ont été détruits, certaines portions de chemin de fer ont carrément disparu. Les secours ne pouvaient donc plus circuler pour atteindre les personnes en danger. Autour de la ville d'Utiel, la rivière Magro est sortie de son lit, envoyant une vague de plus de trois mètres vers des résidences qui n'ont pas eu la moindre chance. Même après le retrait des eaux, la circulation est difficile, car tout est recouvert de boue. Même les piétons ont du mal à circuler.
Avec la collaboration d'Alexandra Giroux, météorologue.