Un Québécois frappé par la foudre : il raconte son histoire
L'air instable peut changer le cours d'une journée d'été en un clin d'oeil. C'est malheureusement ce que le résident du Saguenay, Gilles Morin, a constaté bien malgré lui.
Le samedi 29 juin dernier, une dépression faisait du surplace au-dessus de la baie James. On surveillait son creux de près puisque le potentiel orageux y était bien présent. C'est en fin d'après-midi, aux alentours de 16 h 00, que les orages ont commencé à gronder dans la région du Saguenay, accompagnés de fortes averses et de rafales de plus de 44 km/h. À ce moment-là, Gilles Morin, un photographe amateur aimant immortaliser la nature, se trouvait sans protection sur un terrain vaste de Saint-Fulgence.
Crédit : Gilles Morin
Nous nous sommes entretenus avec M. Morin, qui nous raconte ce moment où il a été foudroyé :
Quand cette photo a-t-elle été prise ?
C’est cet orage-là. On pensait qu’[il] passait à côté de Saint-Fulgence. C’est la seule photo qu’on a prise cette journée-là parce que l’orage a tellement dévié vite qu’on a cherché un endroit pour se protéger.
Comment avez-vous réagi quand vous avez réalisé que vous pourriez être en danger ?
On était deux personnes dans le secteur [...] de l’Anse aux Foins, à Saint-Fulgence, dans le secteur du Saguenay. Puis, on a vu arriver cet orage-là par le nord-ouest, mais qui semblait ne pas vouloir atteindre Saint-Fulgence. À un moment donné, on s’est rendu compte qu’[il] a changé de trajectoire parce qu’[il] s’en venait directement sur nous. C’est à ce moment-là qu’on s’est dit qu’il fallait se trouver une protection, mais dans un endroit vaste, c’est difficile de se trouver une protection. On a vu un escalier de bois au bout d’une colline qui était à peu près à 15 minutes à pieds. Donc, on s’est rendu à cet endroit-là, mais il avait commencé à mouiller. Donc, on s’est installé en dessous de cet escalier de bois qui longeait la colline.
Racontez-nous le moment de l’impact.
Pas longtemps après, j’ai vu un flash qui est passé à quelques mètres de nous. En même temps que le flash s’est fait, j’ai été grondé tout du côté gauche de mon corps. Donc, le courant électrique est venu me chercher par le sol.
Comment avez-vous réagi au choc ?
Lorsque c’est arrivé, première des choses, je me souviens avoir lancé un gros cri. J’ai écrasé à terre, j’ai écrasé à terre et la personne qui était à côté de moi ne savait pas trop ce qui se passait parce qu’elle avait reçu seulement une petite décharge au niveau du doigt tandis que moi, tout le côté gauche avait été électrisé. Puis, finalement, je me suis relevé. Oui, j’avais mal dans tout le côté gauche.
Avez-vous une hypothèse quant à la raison de la charge moins puissante reçue par votre collègue ?
Moi, j’avais les deux pieds sur le sol, par terre. Cette personne qui a reçu le courant sur son doigt, elle, était sur une roche.
Pourquoi avez-vous attendu avant de vous rendre aux urgences ?
Quand on a décidé de quitter, j’ai vu que la douleur commençait à diminuer. Je me suis dit : « Je n’ai pas eu une bonne décharge. » Ça fait que je n’ai même pas pensé tout de suite à me rendre à l’urgence parce que la douleur s’était beaucoup atténuée. Mais la douleur avait recommencé durant la nuit. Donc, c’est le matin que j’ai décidé de me rendre à l’urgence.
Quel est le protocole à suivre en cas d’électrocution ?
À l’urgence, on m’a avisé que lorsqu’il arrive une situation [comme ça], qu’une personne est foudroyée, que ce soit n'importe quel voltage, qu’il faut [se] rendre [aux urgences] immédiatement. Quand un éclair frappe, on ne connaît pas le voltage de l’éclair, de l’électricité.
Quelles ont été les étapes une fois à l’hôpital ?
J’ai passé des examens. Finalement, les nouvelles ont été bonnes : il n’y a aucun organe interne qui a été brûlé à l’intérieur de moi. Par contre, j’ai un autre examen à aller passer bientôt. C’est pour voir si des nerfs n’ont pas été attaqués. Puis, je suis [également surveillé par] mon médecin suite à ce foudroiement. [...] Eux, quand on arrive aux urgences, ils suivent une procédure d'un cas qui a été électrifié. On m’a dit qu’ils suivent le protocole d’Hydro-Québec, soit par foudroiement, quelqu’un qui a été foudroyé par un éclair ou quelqu’un qui a été foudroyé par fil électrique. Donc, ils surveillent la personne pendant 24 heures de temps.
Donc, ils vous ont gardé sous surveillance pendant 24 heures ?
Ils ne m’ont pas gardé 24 heures parce que je me suis rendu le lendemain. Donc, ils m’ont gardé le temps qu’il restait du 24 heures.
Est-ce que vous sentez toujours des effets de ce choc aujourd’hui ?
Ça va mieux aujourd’hui. Les muscles ont été beaucoup atteints. [...] Pendant plusieurs jours, ce sont les muscles qui ont écopé, je pense, du choc électrique et en même temps, de mon choc que j’ai eu après le foudroiement. C’est sûr que ça a créé une tension dans mon corps, avec le stress. Donc, ce sont les muscles qui ont écopé. Aujourd’hui, présentement, oui, je me sens bien.
Est-ce qu’il y a des effets à long terme que vous pourriez ressentir ?
Oui. On m’a dit que quand il arrive une situation de même, et je me répète, qu’il faut se rendre immédiatement aux urgences parce que même si on a l’impression que ça va bien, qu’on a rien, c’est que le courant continue ses ravages pendant 24 heures à l’intérieur du corps. Dans un an d’ici, je pourrais ressentir encore des séquelles, les séquelles peuvent revenir.
« J’aime immortaliser la beauté de la nature. Elle m’a montré une leçon, la nature. »
La mésaventure de Gilles Morin ne fait pas classe à part. C'est un scénario dont nous sommes tous à risque de vivre par temps orageux. On vous rappelle de rester prudents et de ne pas mettre sa vie en jeu lorsque le temps est électrique.
À VOIR ÉGALEMENT : Voici quoi NE PAS faire en cas d'orages