Une première en près de 40 ans : l'ouragan Rafael n'a pas fini de surprendre
Après avoir fouetté Cuba, l’ouragan Rafael devait perdre de l’intensité avant de faire un virage vers l'ouest. Mais ce n’est pas vraiment ce qui s'est passé.
Un regain d'énergie
L’histoire devait être assez classique. Une tempête tropicale prend des forces, frappe une île des Caraïbes, puis va perdre de l’intensité dans le golfe du Mexique. Les eaux du golfe sont moins chaudes dans ce secteur, soit presque en plein centre du golfe. Le cisaillement des vents devait l’affaiblir également. Mais Rafael semble avoir envie d’improviser plutôt que de suivre le scénario.
Du jamais vu depuis 1985
Plutôt que de perdre en intensité, Rafael a repris des forces entre jeudi et vendredi. La tempête est redevenue un ouragan de catégorie 3, avec des vents frôlant les 200 km/h. Un ouragan majeur est déjà rare à cette période de l’année dans le golfe du Mexique. Rafael ne se contente pas d’être tardif, il est exceptionnel selon d’autres facteurs. La pression atmosphérique au cœur de Rafael est descendue jusqu’à 956 hPa. C’est la plus basse pression dans le golfe du Mexique en novembre depuis Kate qui avait atteint 953 hPa en 1985.
Plein de surprises
L’ouragan semble avoir d’autres surprises dans son sac. On tente de suivre de près sa trajectoire, question de préparer la population à de fortes pluies. Mais Rafael refuse de coopérer. L’ouragan est en quelque sorte coincé entre deux crêtes. Une première, au-dessus de la Floride, dont les vents du côté de Rafael soufflent vers le nord et pourraient l'entraîner dans cette direction. Or, ce scénario n'est pas celui qu'on privilégie à l'heure actuelle. Une autre crête est au-dessus du Mexique, et les vents du côté de Rafael soufflent vers le sud.
Une trajectoire acrobatique
Le scénario d’une bifurcation vers le sud semblait d’abord le plus probable. Mais l’intensification de Rafael est venue mêler les cartes. Il existe plusieurs modèles qui ont pour fonction de prévoir la trajectoire des ouragans. Il y a souvent un consensus entre ces prévisions. Dans le cas de Rafael, c’est plutôt la polarisation, voire la confusion qui règne. Certains l’envoient en Floride, d’autres au Texas, et certains au Mexique. On voit même des scénarios de trajectoire en boucle et faisant un demi-tour complet. Pour l’instant, on ne prévoit aucune menace sérieuse pour la population, ni au Mexique ni aux États-Unis, peu importe la trajectoire. Le scénario privilégié envoie Rafael vers le sud, tout en le faisant perdre en intensité, au point où il se dissiperait avant même d'atteindre les terres au Mexique.
Avec la collaboration de Kevin Cloutier, météorologue.