Quand l'automne est doux, l'hiver en paye-t-il le prix ?

À quoi s'attendre cet hiver après un automne aussi doux ?


Automne doux, hiver doux ?

Selon les prévisions, l'automne météorologique 2024 va se terminer avec une moyenne de température anormalement chaude. Septembre, octobre et novembre de cette année devraient même se retrouver parmi les plus chauds que le Québec ait connus. Lorsque la saison se déroule dans de telles conditions, à quoi peut-on s'attendre pour l'hiver ? Jusqu'à quel point le jeu des masses d'air et le contexte atmosphérique dominant peuvent-ils influencer l'allure de la saison hivernale ? Notre expert Réjean Ouimet a procédé à une analyse climatologique des relevés. L'ensemble des 80 dernières années ne permet pas de dégager une conclusion probante.

« On a 39 automnes qui globalement pour les trois mois ont connu des températures moyennes au-dessus des normales, précise Réjean Ouimet, météorologue. À 21 reprises l’hiver suivant a été doux et dans 18 cas il a contredit l’automne précédent et a été froid. Ce qui n’est pas loin de la parité. Le régime météorologique d’automne n’est pas celui qui prévaut pendant la saison hivernale. Mais peut-il laisser des traces de manière à influencer l’orientation de l’hiver ? »

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Tendance lourde

L'exercice devient plus intéressant si l'on considère les saisons des 35 dernières années. Ce n'est plus un secret : le climat du Québec se réchauffe. De fait, on a plus de la moitié des automnes qui ont été doux. La majorité des hivers suivants l'ont été également. Dans ces cas, seulement cinq hivers ont été froids. Cette continuité reflète une tendance qui s'accentue au fur et à mesure que les saisons sont de plus en plus anormalement chaudes.

« Un automne doux va être marqué par un influx d’air du sud ou sud-ouest au détriment des écoulements d’air du nord, explique Réjean Ouimet. Ceci a pour effet de freiner le refroidissement des surfaces, l’englacement des plans d’eau et l’avancée du couvert de neige au sol. Par rétroaction ces trois aspects vont gêner la transition vers l’hiver et les orientations atmosphériques idoines. »

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Champions de douceur

Lorsque l'on isole les saisons au sommet du palmarès des plus douces depuis le début des relevés, la tendance se maintient. Les hivers suivants sont majoritairement plus doux que la normale que ce soit pour Montréal, Québec ou Gaspé.

« Dans le cas de ces dix automnes les plus doux suivis d’hivers doux, ce qui semble se dégager c’est que les mois de décembre et février sont plus souvent marqués par la douceur que le mois de janvier, estime Réjean Ouimet. Même si janvier est doux, il l’est moins souvent que ses deux voisins. »

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Un cas d'exception

Vous souvenez-vous d'un hiver froid ces dernières années ? Eh bien, remontons à la saison 2021-2022. Le coeur de l'hiver a été particulièrement froid, soit janvier et février. Toutefois, l'automne 2021 avait été plutôt doux. Selon Réjean Ouimet, ce scénario pourrait se répéter cette année compte tenu du contexte dominant dans le Pacifique équatorial. Il s'agit d'un phénomène qui peut dicter l'allure de notre saison hivernale.

« L'automne 2021 a été très doux aussi dans l'ensemble avec une baisse de régime en novembre, raconte Réjean Ouimet. Malgré une remontée en décembre, l’hiver a repris ses droits en janvier et février de telle sorte que la magie n’a pas opéré cette fois. On a eu un rare hiver froid. Encore pire l’hiver 2022 fut notre dernière saison froide au Québec, toutes saisons confondues à ce jour. Il est intéressant de noter que l’hiver 2021-2022 s’est déroulé dans un contexte La Nina. Ce qui sera le cas encore cette année. »

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Avec la collaboration de Réjean Ouimet et Bertin Ossonon, météorologues.


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