Stations de ski en quête d'hivers neigeux

Les changements climatiques donnent du fil à retordre aux stations de ski. Une diminution d’achalandage de 6 % est anticipée à moyen terme en raison des précipitations liquides de plus en plus fréquentes l’hiver, selon une étude d’Ouranos commandée par l’Association des stations de ski du Québec (ASSQ). Les experts d’Ouranos prévoient aussi une saison de ski plus courte.

Les saisons de ski écourtées deviendront la nouvelle réalité des Québécois.

On s’attend à environ cinq à dix jours par année de moins de ski en moyenne au Québec d’ici 2050-2070 environ. C’est une diminution d’environ 5 à 10 % du nombre de jours skiables.

  • Christopher McCray, spécialiste, simulations et analyses climatiques chez Ouranos

Des canons à neige plus performants

mont sutton Crédit : Jocelyne Trudeau

Image : Jocelyne Trudeau

Pour lutter contre les aléas de dame nature durant la saison hivernale, les stations de ski misent sur des systèmes d’enneigement plus efficaces.

Les technologies ont évolué, les canons à neige sont plus performants et moins énergivores. Ils peuvent fabriquer de la neige à des températures plus élevées.

  • Jean-Michel Ryan, PDG de Mont Sutton et président du conseil d’administration de l’ASSQ

Dans les Cantons de l’Est, toutes les stations ont investi massivement dans des systèmes d’enneigement pour affronter le réchauffement climatique.

« Au Mont Sutton, on a investi plus de six millions de dollars dans les systèmes d’enneigement. On a doublé la capacité de frappe, ce qui fait en sorte que dans une plage plus courte on peut frapper plus largement un grand nombre de pistes par exemple », explique M. Ryan.

Certains équipements peuvent même fabriquer de la neige à des températures près du point de congélation.

Mont Sutton Crédit : Salah Chtioui

Image : Salah Chtioui

La production de neige n’est toutefois pas sans impact sur l’environnement, c’est pourquoi l’entretien des pistes et l’aménagement du territoire demeurent une priorité pour les stations de ski.

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« Il faut le plus possible essayer de réduire les besoins de production de la neige en aménageant les pistes de la bonne façon en profitant de la nature, de l’ombrage naturel pour réduire la fonte et garder en tête que oui les canons à neige utilisent de l’eau et de l’électricité, souligne M. McCray. Ces deux ressources seront encore plus précieuses dans le futur. »

Mon Sutton Credit : Salah Chtioui

Image : Salah Chtioui

Des redoux à répétition

La pluie et, par-dessus tout, les périodes de redoux demeurent des adversaires de taille sur les montagnes.

S'il y a des vents chauds en période de redoux, l’effet du vent est comme un effet de séchoir, donc on perd le couvert de neige plus rapidement, ce qui fait plus de dommages sur l’épaisseur, ou le couvert neigeux.

  • Jean-Michel Ryan, PDG de Mont Sutton et président du conseil d’administration de l’ASSQ

Un aménagement judicieux des pistes peut aider à réduire les impacts des précipitations liquides.

« Si on pense au ruissellement des eaux, il est important de mettre en place des aménagements qui facilitent le drainage de l’eau pour éviter, qu’avec la fonte au printemps, que la surface sous l’eau soit détruite par le ruissellement ou, pendant l’hiver, d’éviter les dommages causés par une pluie », affirme M. McCray.

Une diversification de l’offre

Les stations de ski sont nombreuses à diversifier leur offre en intégrant plus d’activités quatre saisons. Au Mont Sutton, deux tyroliennes ont été installées et les visiteurs peuvent aussi pratiquer le vélo de montagne et le disque-golf.

Si on a des hivers un peu plus difficiles, on compense par des activités estivales. Également, ça permet d’annualiser et de consolider des emplois en région.

  • Jean-Michel Ryan, PDG de Mont Sutton et président du conseil d’administration de l’ASSQ

Mont Sutton Crédit : Bernard Brault

Image : Bernard Brault

Des défis différents d’une région à l’autre

Les enjeux que posent les changements climatiques diffèrent d’une station de ski à l’autre.

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« L’impact des changements climatiques va varier selon notre latitude, mais aussi l’altitude de la montagne, l’orientation des pistes et de la montagne, le contexte régional, la compétitivité, à quel point il y a de la concurrence », indique M. McCray.

Un grand défi demeure durant l’hiver : convaincre les skieurs occasionnels qu’il y a toujours de la neige sur les montagnes lorsque celle-ci a disparu des trottoirs en milieu urbain.

L’étude d’Ouranos a été commandée pour une deuxième fois par l’Association des stations de ski du Québec, car cette dernière souhaite être mieux outillée pour mieux s’adapter au futur.

À VOIR ÉGALEMENT : Il résiste à -200 °C!