Certains facteurs peuvent dérégler l’hibernation des ours noirs
Au Québec, on retrouve plus de 70 000 ours noirs qui hibernent pendant la saison hivernale. C’est un comportement naturel pour ces mammifères, mais ils ne l’adoptent pas à cause du froid. C’est plutôt en raison d’un manque de ressources alimentaires durant l’hiver. Certains facteurs pourraient tout de même dérégler leur hibernation et la météo en serait indirectement une des causes.
Comme notre hiver a débuté dans la douceur, est-ce qu’on pourrait croiser un ours à ce moment-ci de la saison ? En théorie non, puisqu’il faut plus que des températures légèrement douces pour provoquer la sortie de leur tanière, qui a lieu naturellement au printemps.
Selon la biologiste et coordonnatrice provinciale de la gestion de l’ours noir du ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), Kathleen Bédard, un des facteurs météorologiques qui pourrait perturber l’hibernation serait un redoux sur une longue période provoquant la fonte de la neige, qui pourrait alors inonder la tanière de l’ours noir. Si son lieu de repos est inondé, il pourrait en sortir, puis y retourner ou se relocaliser.
D’autres facteurs possibles seraient plutôt un dérangement d’ordre anthropique, soit un phénomène qui est provoqué indirectement par l’humain, ou en raison de coupes forestières.
JANVIER : LE MOIS OÙ L’OURS DONNE NAISSANCE EN HIBERNANT
Cet animal qui est le plus commun et répandu des ours du Canada a une particularité, soit son cycle de reproduction. C’est en hiver que cet animal sauvage va donner naissance sans sortir de son hibernation. Comment cela fonctionne-t-il ?
En été, l’ours s’alimente le plus possible. Les mâles et les femelles parvenus à maturité se réunissent pour s’accoupler en juin ou juillet. Si la femelle parvient à trouver de la nourriture de bonne qualité durant l’été, l’embryon s'implante dans l’utérus à l’automne, grâce au processus appelé « implantation retardée». À l’automne, si elle a accumulé suffisamment de réserves de graisse pour survivre à l’hiver, les oursons vont naître dans sa tanière à la fin janvier.
La femelle donne naissance à un ou deux oursons. Cependant elle reste dans un sommeil léger à l’abri dans sa tanière. C’est donc au printemps que l’animal sort de sa tanière, avec ses petits. Les ours se reproduisent uniquement tous les deux ans.
LEUR SOMMEIL EST DE PLUS EN PLUS LÉGER
Pendant l’hibernation, l’animal plonge dans un état d’hypothermie régulée. Pour ce faire, la température de son corps diminue pour passer de 38 °C à 34° ou même 31°. Son rythme respiratoire ralentit et son système digestif se met en arrêt.
Les ours ne se nourrissent pas pendant près de trois mois et perdent du poids pendant l’hiver, mais réussissent malgré tout à maintenir leurs muscles. Cette faculté demeure un mystère pour les scientifiques, puisque contrairement à l’homme, ce dernier verrait ses muscles s’affaiblir s’il restait immobilisé pendant plusieurs semaines.
Certaines études révèlent que leur sommeil devient de plus en plus léger à cause du réchauffement climatique. Les scientifiques qui observent les ours bruns constatent qu’avec des températures plus élevées pendant l’hiver, ces plantigrades ont une période d’hibernation moins longue.
EN HIVER POURRAIT-ON TOMBER SUR UNE TANIÈRE ?
Lors d’une balade en forêt, il est possible de croiser une tanière sans jamais s’en apercevoir. C’est pour cette raison qu’il est fortement conseillé de toujours marcher dans les sentiers balisés et surtout de garder son chien en laisse afin d’éviter tout effet de surprise. Un animal de compagnie pourrait effectivement sentir la présence d’un ours.
Même si les tanières demeurent difficiles à voir, elles peuvent se retrouver sous différentes formes et à différents endroits. Certaines sont creusées dans le sol, installées au pied d’arbres morts, dans des fissures de parois rocheuses, ou même simplement sous un arbre, alors que l’ours s’y laisse ensevelir sous la neige.
Avec plus de 70 000 ours noirs au Québec, cet animal sauvage peut se retrouver dans toute la province, mais en majorité de l’Outaouais jusqu’à la Côte-Nord, et également en grand nombre en Gaspésie.
Sources : MFFP