De l'équateur au St-Laurent: l'histoire fascinante d'un endroit unique au Québec
Les Îles-de-la-Madeleine sont le fruit d'une histoire riche en péripéties, qui a duré des millions d'années. Forgé par les glaciers, les mouvements des plaques tectoniques et les sédiments volcaniques, l'archipel est unique. Tour d'horizon.
Les Îles-de-la-Madeleine ont une histoire particulière et unique au Québec. Leur formation débute il y a entre 360 et 285 millions d'années. Elles sont sur le site d’une ancienne mer au moment où seulement deux continents étaient présents sur le globe : le Gondwana et le Laurentia. À cette époque, elles étaient situées au niveau de l’équateur, leur donnant un climat tropical.
Cette étendue d’eau a fini par s’assécher, laissant derrière elle de grandes quantités de sel et de sédiments divers. La majorité d’entre eux sont des sédiments fins, comme l’argile et le gypse. De plus, les plaques tectoniques ont continué leur valse pendant un certain temps, amenant une grande activité volcanique dans cette région. La lave qui s’écoulait dans la vallée a donc permis d’emmagasiner de bonnes quantités de roches volcaniques au fil des siècles.
Une lente dérive des continents a ensuite mené l’archipel à son emplacement actuel, dans le golfe du Saint-Laurent. Ce voyage n’a pas été de tout repos, et plusieurs pressions ont été exercées sur l’immense cuvette. «[...] cette baie originalement peu profonde aurait été partiellement comblée par une épaisseur d’environ 5000 mètres de sel.» (Masse et al., 2011).
Avec le temps, ces sédiments se sont solidifiés sous différentes couches de composition différente. Certaines particules sont effectivement plus denses que les autres, créant une certaine instabilité dans le sol. Par exemple, le sel, moins dense, à tendance à remonter à la surface sous l’action de couches plus denses, créant des «bulles» de sel, ou diapirs. Ces derniers sont nombreux sur l’archipel madelinot.
Comme le sel peut également se dissoudre dans l’eau, des dépressions peuvent être créées un peu partout sur le territoire.
De manière générale, les processus marins et côtiers ont modelé le territoire québécois entre il y a 10 000 ans et aujourd’hui.
Les glaciers ont joué un rôle de premier plan dans le façonnement des Îles-de-la-Madeleine (comme ce fut le cas dans de nombreuses régions du Québec, d’ailleurs). Il faut savoir qu’au moment de la dernière glaciation, la majorité du territoire était enseveli sous des mètres de glace. Sous le poids immense de l’inlandsis, la croûte terrestre avait donc tendance à s’enfoncer. Quand les glaciers ont fondu et/ou se sont retirés vers le nord, à la fin de cette ère, un rebond post-glaciaire s’est opéré : libéré du poids des tonnes de glace, le continent s’est soulevé. De plus, de grandes quantités d’eau douce ont alimenté la mer sous l’effet de la fonte. Résultat : certaines portions de l’archipel, comme Grosse-Île, ont été submergées.
Ces mouvements des glaciers peuvent aussi traîner avec eux d’importants apports de sédiments souvent assez fins (qu’on appelle moraines). Les moraines se classent selon leur forme, leur origine et leur position sur le glacier. Ainsi est-il possible que ces dernières viennent bonifier la quantité de sédiments, déjà importante, présente sur les Îles-de-la-Madeleine.
Ce n’est qu’un exemple. Le niveau marin a effectivement fluctué au fil du temps, laissant des traces un peu inusitées sur le territoire. Une forêt de bouleaux avec des troncs de 50 à 60 centimètres de diamètre a même été découverte sous le sable de Grosse-Île, témoignage d’écosystèmes passés.
Les Îles-de-la-Madeleine aujourd’hui
La biodiversité y est exceptionnelle. Près de 300 espèces d’oiseaux ont été répertoriées sur les Îles-de-la-Madeleine, et de nombreuses espèces de phoques et de baleines vivent près des côtes. Les requins y effectuent même des rondes occasionnelles. Les mammifères terrestres sont cependant peu nombreux. Fait intéressant : les écureuils roux y ont été introduits à la fin des années 1970, et avec succès. La faible présence de prédateurs y a contribué.
Cependant, de nombreux enjeux guettent l’archipel. En raison du sol, composé en grande partie de sédiments fins, des courants marins et des forts vents qui balaient fréquemment les îles, cette région du Québec fait face à une érosion qui tend à croître avec le temps. La présence moins affirmée de glaces près des berges y joue d’ailleurs un rôle, puisque ces dernières protègent, d’une certaine façon, les côtes et ralentissent l’érosion. Avec le réchauffement global, elles sont moins présentes (à la fois en termes de quantité et de période). Il n’est pas impossible qu’éventuellement, l’archipel disparaisse.
L’éolien est une ressource naturelle prometteuse pour l’archipel, mais les projets ayant été élaborés en ce sens au cours des dernières années n’ont pas été concluants.
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