La carpe asiatique pourrait envahir les Grands Lacs
On a longtemps cru que les Grands Lacs constituaient un désert alimentaire pour les carpes asiatiques, ces espèces invasives maintenant bien installées dans plusieurs plans d’eau des États-Unis. Or, des chercheurs américains viennent de produire un rapport accablant qui réfute cette idée.
Implantés en Amérique du Nord dans les années 1960 et 1970 par les propriétaires de piscicultures afin de contrôler la prolifération des algues, ces poissons pesant jusqu’à 45 kg et capables de manger 40 % de leur poids par jour sont devenus un réel problème après s’être échappés des étangs où ils étaient contenus.
On savait déjà que les carpes suivent les cours d’eau américains jusqu’aux portes des Grands Lacs, menaçant les espèces indigènes en monopolisant les ressources alimentaires ; cependant la réelle utilité de barrières mises en place pour empêcher leur progression était discutée.
Un rapport produit par l'Institut coopératif de recherche sur les Grands Lacs de l'Université du Michigan nous apprend aujourd’hui que si la carpe arrivait à se rendre au lac Michigan, elle y trouverait bel et bien à se nourrir grâce aux déjections d’une autre espèce envahissante qui y est déjà bien présente : la moule zébrée.
L’étude analyse des facteurs comme la température et la profondeur de l’eau, les ressources alimentaires disponibles et les habitudes du poisson pour déterminer comment et où l’espèce pourrait envahir le plan d’eau. On y explique que la carpe pourrait se nourrir des détritus produits par les moules zébrées, qui recouvrent la majeure partie du fond du lac Michigan, et ainsi coloniser une zone beaucoup plus grande que prévu.
L’invasion des cours d’eau canadiens, déjà amorcée dans le lac Érié et le fleuve Saint-Laurent, pourrait coûter des milliards de dollars à l’économie canadienne au cours des prochaines décennies.
Le ministère des Pêches et Océans Canada rappelle que la carpe asiatique constitue « une menace écologique importante », et « pourrait devenir l’espèce dominante au détriment des espèces indigènes », « éliminer presque complètement les plantes aquatiques », et même être « nuisible » à l’habitat des espèces d’oiseaux si on ne met pas fin à sa propagation.
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