Le nerprun cathartique : un défi environnemental de plus en plus urgent
Le nerprun cathartique, une espèce envahissante originaire d’Europe, se propage dans les milieux naturels. Celui-ci entre en compétition avec les espèces indigènes du Québec.
Fragmentation
Cette plante envahissante va venir fragmenter la richesse et la qualité des écosystèmes. « Un milieu naturel, c’est comme un grand miroir. Quand tu échappes un miroir par terre, malheureusement, il va se fragmenter en plusieurs morceaux. Un milieu naturel, c’est quasiment la même chose », illustre Érik Bassil, président du Comité Écologique du Grand Montréal (CEGM). Pour avoir des forêts et des milieux naturels en bonne santé, il faut retirer le nerprun. « On va ensuite faire des opérations de reboisement dans lesquelles on ne va remettre que des espèces indigènes », ajoute-t-il.
Pour remplacer le nerprun, on peut entre autres planter du sureau blanc ou encore de l'aronie noire. Crédit photo : CEGM/Noël Janvier
Compétition déloyale
Le nerprun a des propriétés intéressantes lorsqu’il est chez lui, mais il compétitionne avec les espèces indigènes lorsqu’il est présent au Québec. « Il n’a aucun ennemi naturel au Canada; il n’y a pas d’insectes ou de parasites qui s'attaquent à lui. Il produit également une substance dans le sol qui empêche la croissance des espèces indigènes », note M. Bassil. Cette substance, appelée émodine, est présente dans ses racines, son écorce, ses feuilles et ses fruits. Lorsque la plante se décompose au sol, l’émodine est libérée et se propage dans le sol.
L’écorce du nerprun cathartique est orangée en raison de la présence de flavonoïdes, des pigments végétaux. Crédit photo : Noël Janvier
Propagation par les oiseaux
Au départ, les oiseaux ne pouvaient pas manger les fruits du nerprun cathartique. Avec les années, toutefois, ils se sont adaptés pour pouvoir le digérer. « Lorsqu’ils vont déféquer, la portion de la graine du nerprun va être en partie scarifiée et déposée au sol avec de l’engrais. Le nerprun est donc avantagé », explique-t-il. « Quand il y a une grande concentration de nerpruns, les oiseaux n’ont pas une très grande variété alimentaire. Lorsqu’on fait des projets de contrôle, on va recréer un garde-manger pour eux », conclut-il.
Le fruit du nerprun cathartique est une baie de couleur noire qui est toxique pour les humains. Crédit photo : CEGM/Noël Janvier