Non, les requins ne cherchent pas à vous dévorer
Les attaques de requins en eaux canadiennes sont dorénavant répertoriées dans un registre. L’Observatoire des requins du Saint-Laurent (ORS | GEERG) lance ce nouvel outil dans le but d’éduquer la population sur la distribution et le comportement des requins au Canada et ultimement prévenir les incidents.
De rares attaques
Dans ce tout premier registre, on recense 27 attaques signalées dans l’histoire du Canada, aussi loin que l’on puisse remonter dans le temps. Ces incidents se produisent donc très rarement et sont pour la plupart explicables, selon Jeffrey Gallant, directeur scientifique de l’ORS | GEERG.
« J'ai cru que c'était important de recenser tous les incidents, pas pour faire peur aux gens, mais pour les armer de connaissances de base », affirme-t-il.
La plus récente attaque de requin est survenue en 2021 au Cap-Breton.
« La personne était au mauvais endroit au mauvais moment, souligne M. Gallant. C’est vraiment de la malchance. Il y a eu potentiellement une morsure. Pour nous, ce n'est pas surprenant puisque les conditions étaient idéales pour une morsure. C'est quelque chose d'extrêmement rare, tellement rare que ça aurait été la première fois qu'une personne qui se baignait de façon récréative aurait été mordue au Canada. »
L’ORS | GEERG précise que les attaques ne surviennent pas dans les endroits publics comme les plages. Les requins circulent principalement dans les lieux où se trouvent leurs proies, tels que les phoques.
« Il ne faut pas s'inquiéter si on va à la plage ou dans un endroit public puisque la proie du requin est absente, explique M. Gallant. C’est quand on improvise et qu’on veut s’éloigner des foules et nager avec les phoques, par exemple, qu’on s’expose à un danger. »
La majorité des attaques sont survenues dans l’océan Atlantique. Toutefois, les océans Arctiques et Pacifique ne sont pas épargnés.
Ce ne sont pas des machines à tuer
Avec les nombreux films d'épouvante réalisés sur les requins, on pourrait croire qu’ils sont assoiffés de sang humain. Ce n’est pas du tout le cas, souligne M. Gallant.
« Autrefois, les gens disaient que les requins étaient des machines à tuer, qu'ils cherchaient les êtres humains pour les manger de façon systématique. Si c'était vraiment le cas, il y aurait des incidents partout sur la planète, tous les jours. »
Chaque année, on recense une centaine d’attaques de requins dans le monde.
Jeffrey Gallant indique qu’après des centaines de millions d’années d’évolution, les requins ont suffisamment d'intelligence pour distinguer leur proie naturelle d’un être humain. Il est simplement préférable de ne pas nager en compagnie de ces animaux convoités par celui-ci à certains moments de l’année.
Une saison des requins prolongée
Avec les changements climatiques, la saison des requins s’étire jusqu’en novembre, au lieu de s’arrêter en juillet. Les eaux du golfe et de l’estuaire du Saint-Laurent se réchauffent et deviennent plus hospitalières à cet imposant poisson.
Une cinquantaine d’espèces de requins circulent au Canada, dont au moins sept dans l’estuaire du Saint-Laurent et neuf espèces dans le golfe.
Les études ne s’entendent pas à savoir si le nombre de requins est en hausse au Canada.
La météo influence quotidiennement les requins
Selon la météo, certains requins se font rares. C’est le cas du requin du Groenland dans la région de Baie-Comeau. Lorsqu’il fait soleil, il reste au fond de l’eau.
Quant à la pluie, elle rend les eaux troubles et affecte la visibilité du requin. Certaines espèces seront attirées par les précipitations, alors que d’autres les fuiront.