Un périple éléphantesque qui fascine les scientifiques
La plus longue migration d’éléphants de l’histoire de la Chine a lieu présentement et fascine complètement les scientifiques. Regard sur un événement qui tient en haleine la population chinoise et les zoologues.
Diffusé 24 heures sur 24, sept jours sur sept sur les ondes télévisées chinoises, le trajet d’une quinzaine de pachydermes à travers la province de Yunnan, en Chine, garde les autorités occupées et la population sur le qui-vive depuis maintenant plus d’un an. En effet, le troupeau composé de six femelles et trois mâles adultes, trois jeunes et trois bébés, a quitté la réserve naturelle de Xishuangbanna, située à la frontière avec le Laos et la Birmanie, en mars 2020. Ce genre de migration est courant dans ce pays de l’Asie. Ce qui est anormal cette fois-ci, c’est la distance parcourue par les éléphants. Si normalement une centaine de kilomètres est voyagée, ici, on parle de plus de 500 km de marche !
Mot d'ordre : ne pas déranger
Si leur trajet est constamment suivi par une douzaine de drones, c’est que l’éléphant d’Asie est protégé depuis 1986. Alors, les autorités n’ont pas le droit d’intervenir physiquement sur ces animaux. Afin de contrôler les déplacements près des zones urbaines, les forces chinoises bloquent des routes à l’aide de camions ou essaient de dévier la trajectoire des éléphants en les attirant avec de la nourriture. C’est ce qui est survenu en début juin, quand le troupeau a atteint le secteur de la capitale de la région, Kunming. Les policiers ont forcé l’évacuation de certains quartiers et tronçons routiers d’importance pour pouvoir escorter les éléphants. Heureusement, aucun animal n’a été blessé depuis mars 2020. Même qu’un nouveau-né a vu le jour en décembre dernier. Toutefois, un jeune mâle a atteint la maturité sexuelle pendant la migration. Il se détache tranquillement du troupeau. Il se trouve maintenant à plus de 18 km de ses compatriotes.
Depuis quelques jours, le troupeau qui se dirigeait vers le nord-est a changé de direction pour retourner vers le sud, d’où il provient. Ce trajet vers le sud est une bonne nouvelle puisque les scientifiques doutent que ces éléphants puissent retrouver leur réserve naturelle. La saison des pluies bat son plein jusqu’en septembre, ce qui rend leur voyage plus laborieux. La communauté scientifique espère que les animaux pourront regagner leur habitat à temps pour l’hiver.
L’agriculture pointée du doigt
Les zoologues cherchent à comprendre la raison de ce long périple anormal. Pour l’instant, leur principale hypothèse réside dans l’agriculture. En effet, au cours des dernières années, les végétaux comestibles essentiels à l’éléphant ont vu leur population diminuer au profit de plantations de caoutchouc, de canne à sucre, de thé et de maïs. L’éléphant d’Asie ne peut se nourrir de ces herbes. Ce qui permet d’appuyer cette idée, c’est le comportement de ces animaux. Lorsqu’ils s’aventurent hors de leur réserve naturelle, ils ont tendance à s’approcher davantage des villes qu’auparavant. Une hypothèse plus farfelue est aussi émise. Certains chercheurs croient que les tremblements de terre fréquents au sud de la province de Yunnan seraient la cause de cette longue migration historique.
Des dégâts considérables
Si les autorités ne perturbent pas le voyage des pachydermes, ces derniers en font tout autrement. Effectivement, sur les quelque 500 km parcourus, la quinzaine d’éléphants a causé plus de 6,8 millions de yuans (1,3 millions de dollars canadiens) en dommages matériels. Les animaux ont écrasé, entre autres, plus de 56 hectares de cultures, pillé une ferme et vidé des réservoirs d’eau. Tout cela est sans compter la quantité de maïs et d’ananas qu’ils ont mangés, nourriture stratégiquement déposée par les autorités pour les attirer. Au moment d’écrire ces lignes, des millions de Chinoises et Chinois suivent en direct le trajet des pachydermes. Un documentaire en temps réel !
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