Du jamais vu en 127 ans : la situation est époustouflante
Cette saison des ouragans est exceptionnelle. Neuf systèmes toucheront terre aux États-Unis, du jamais-vu depuis 1916. Et l'activité dans l'océan Atlantique atteint des sommets, avec trois systèmes tropicaux formés en moins de six heures.
La saison des ouragans 2020 est décidément exceptionnelle. Elle n'est même pas encore terminée que déjà, on peut affirmer qu'elle est entrée dans les annales météorologiques internationales.
Depuis le début de la saison, l’hyperactivité tropicale bat tellement son plein que la majorité des tempêtes nommées se sont formées hâtivement.
À l'heure actuelle, trois systèmes tropicaux se déplacent dans l'Atlantique Nord, dont Teddy qui touchera le Canada d'ici quelques jours. Actuellement de catégorie deux, cet imposant système frappera les Maritimes de plein fouet.
La tempête tropicale Wilfred s’était formée au large des côtes africaines, le 18 septembre dernier. Elle était la 21e tempête tropicale de la saison, et le 21e nom le plus hâtif depuis le début de l’enregistrement des données. Elle est restée toutefois dans le milieu de l'océan, et n'a pas gagné en intensité.
Pour la deuxième fois depuis le début de la collecte des données, l’alphabet grec doit désormais être utilisé pour la nomination de nouveaux systèmes tropicaux.
Rarissime : l’alphabet grec !
Alpha se trouvait très près des côtes portugaises lorsque la dépression subtropicale a gagné en intensité, au point de passer au grade de tempête nommée. Elle s'est toutefois évanouie rapidement.
À peine deux heures plus tard, la tempête tropicale Bêta était nommée dans le golfe du Mexique.
Bêta devrait apporter des vents violents, une onde de tempête importante et des quantités de pluie significatives au Texas et en Louisiane et devrait toucher terre prochainement. Ce serait la neuvième tempête à le faire en une seule saison, propulsant ainsi 2020 dans le palmarès des plus actives depuis 1916.
Alors que nous pensions qu’il serait difficile de battre 2005, cette année est époustouflante. Les deux premières tempêtes nommées avec une lettre grecque cette saison se sont développées un mois plus tôt que lors de la dernière saison record, en 2005. La tempête tropicale Alpha s’était développée le 22 octobre 2005 et l'ouragan Bêta avait été nommé le 27 octobre 2005.
À moins qu’un ralentissement majeur dans l’hyperactivité tropicale ne survienne, ce qui ne semble pas se profiler à l’horizon, la saison 2020 risque assurément de battre l’année 2005.
Il y a d'ailleurs 60 % de chance qu'un nouveau système tropical se développe dans les 48 prochaines heures.
Combien de plus ?
Après le 18 septembre, une saison cyclonique moyenne produit entre cinq et six tempêtes nommées, dont trois ou quatre ont le potentiel de devenir des ouragans de première ou seconde catégorie, et un ou deux peuvent devenir des ouragans majeurs.
Par conséquent, une saison moyenne nous amènerait jusqu’à Êta ou Thêta dans la liste de l'alphabet grec avant la fin de cette saison, égalant ou battant le nombre record de tempêtes de la saison des ouragans 2005 (28 tempêtes, dont l'une n'a pas été nommée et ajoutée après analyse d'après-saison par le National Hurricane Center).
Or, cette année est loin d’être une saison « moyenne ». Si l’on utilise 2005 comme année de référence, après le 18 septembre, onze autres tempêtes s’étaient formées. Si cela se produit en 2020, cela nous mènerait jusqu’à la lettre grecque nu, soit plus de la moitié de l'alphabet grec.
Que se passerait-il si...
... Un ouragan majeur, au nom d’une lettre grecque, venait à être extrêmement meurtrier ou très coûteux ? Habituellement, lorsqu’un ouragan majeur est extrêmement destructeur, son nom est retiré de la liste de prénoms de systèmes tropicaux. C’est pour cela qu’il n’y aura, par exemple, plus jamais d’ouragan Katrina.
L’Organisation mondiale de la météorologie s’est posé la question, et a décidé que si cela venait à arriver, elle serait incluse dans la liste des noms retirés (avec l'année d'occurrence, le nombre de morts, les dommages causés, etc.), mais que la lettre en question continuerait d'être disponible pour une utilisation à l'avenir.
Depuis 1954, 89 noms ont été retirés et remplacés dans les six listes utilisées par l’Organisation mondiale de la météorologie.