Les secrets des lacs cachés sous la glace d'Antarctique
L'endroit le plus froid sur Terre est riche... en eau liquide. Dissimulés sous les épaisses glaces de l'Antarctique, de nombreux lacs commencent à révéler leurs secrets.
À ce jour, près de 400 lacs subglaciaires sont connus en Antarctique, mais de nombreux autres étendues d'eau similaires pourraient se cacher sous la calotte glaciaire. Le lac Vostok, nommé d'après la station scientifique russe qui le surplombe, est le plus connu. De près de 3400 mètres de profondeur, il est aussi près de trois fois plus grand que le lac Ontario.
Plus de 50 lacs ont également été découverts sous les glaces du Groenland, jusqu'à maintenant. Les recherches se poursuivent, et d'autres étendues d'eau pourraient être mises à jour.
La plupart d'entre eux ont été trouvés grâce au satellite ICESat, lancé en 2003 par la NASA. Ce dernier parcourt les pôles afin d'évaluer l'évolution des glaces présentes aux extrémités du globe. Ce sont les sondages radar effectués par l'appareil pour étudier le relief du continent qui ont permis cette étonnante découverte. La signature radar de l'eau est effectivement très différente de celle du roc qui compose le continent.
De l'eau sous la glace, comment est-ce possible ?
Le flux géothermique va permettre à la glace de fondre, atteignant l'état liquide. L'immense pression créée par le poids du glacier permet d'abaisser le point de fusion de l'eau, et lui permet de rester liquide malgré sa température sous le point de congélation. Sa situation géographique peut donc le forcer à rester en isolation complète - ce qui préserve sa température et son état liquide - , mais les lacs subglaciaires sont parfois organisés en véritable réseau, et l'eau peut circuler d'un endroit à l'autre.
Certains d'entre eux sont en isolation complète depuis des siècles, voire davantage.
Il existe également des lacs subglaciaires salés, notamment au Nunavut - ce qui explique leur état liquide, puisque l'eau salée ne gèle pas avant -21 °C. Ces derniers ont soit été alimentés au départ par l'océan, qui s'est infiltré dans les glaciers, ou par des sédiments laissés sur place par le mouvement des glaces. Ces lacs salés sont souvent beaucoup plus riches en sel que l'eau de l'océan.
Comme il s'agit souvent d'une zone complètement isolée sous des mètres de glace, la vie qui s'y développe est particulièrement intéressante. Le lac Whillans, en Antarctique, est d'ailleurs un bon exemple de lacs subglaciaires où des organismes unicellulaires foisonnent malgré des conditions très hostiles. Cela laisse entrevoir de possibles avancées pour certaines recherches sur la vie extraterrestre qui pourrait s'être développées dans d'autres milieux extrêmes. C'est notamment le cas pour la lune de Jupiter, Europa, soupçonnée d'abriter de l'eau salée.
*Source : Université de Columbia