Déluge dans le Sahara : des impacts dans les Caraïbes
Les experts s'attendaient à une saison des ouragans très active dans le bassin atlantique. C'est pourtant le calme plat depuis trois semaines. Explications.
Les éléments en place
Les eaux des océans sont particulièrement chaudes, La Niña était en développement au début de l'été, bref, les éléments étaient en place pour que les experts se prononcent : la saison des ouragans allait être très active en 2024. En fait, les chercheurs de l'université d'État du Colorado s'attendaient à près de deux fois plus de tempêtes tropicales, d'ouragans et d'ouragans majeurs que la moyenne des 30 dernières années. La saison a effectivement démarré en trombe, puis a appliqué les freins à la fin du mois de juin. Puis, plus rien depuis le 12 août.
Déluge dans le Sahara?
Pendant ce temps, le désert du Sahara reçoit des quantités anormalement élevées de pluie. Vous croyez qu'il y a un lien? Vous avez raison. Notons d'abord que le Sahara couvre une superficie de plus de 9 millions de kilomètres carrés. C'est environ la taille du Canada au complet, et ça représente près du tiers du continent africain. Le Sahara est l'un des endroits les plus secs de la Terre. Mais ces jours-ci, certains secteurs du Sahara reçoivent une quantité étonnante de pluie. On parle de plus de 100 mm de pluie en deux ou trois semaines. Ça peut sembler modeste, mais considérant que la moitié du Sahara reçoit moins de 25 mm de pluie par année, c'est un véritable déluge qui s'abat sur cette région. C'est en fait une augmentation de 500 à 1 000 % par rapport à la moyenne. On parle de l'équivalent de cinq ans de pluie en moins d'un mois.
Un déplacement qui dérange
La ceinture de précipitations tropicales près de l’Équateur, la zone de convergence intertropicale (ZCIT), influence le climat des régions tropicales. Plusieurs cellules orageuses s'y forment, on y retrouve donc des précipitations importantes. Cette ceinture est formée par la convergence de masses d’air chaud et humide des alizés, ces vents dominants des tropiques. La ZCIT bouge et la variation de sa position a un effet direct sur le climat des régions équatoriales. Actuellement, la ZCIT s’est déplacée plus au nord que la normale et c’est ce qui entraîne ces pluies phénoménales dans le Sahara.
Ce déplacement est léger au niveau des tropiques, mais il est suffisant pour altérer l’activité cyclonique. Sa position un peu plus au nord limite un peu la formation de systèmes tropicaux. Selon la météorologue Alexandra Giroux :
« Du côté du bassin atlantique, les ondes tropicales, plutôt qu'entrer dans la zone de développement principale, entrent dans le bassin un peu plus au nord, un secteur un peu moins propice à leur développement, l'eau étant un peu moins chaude, les vents sont un peu moins bons. »
Rien n'est joué
La situation pourrait changer cependant. Un moment d'accalmie ne signifie pas pour autant que la saison des ouragans soit terminée. On s'approche du moment le plus intense de la saison des ouragans, qui se situe en moyenne autour du 10 septembre. En fait, plus de 60 % des tempêtes tropicales et des ouragans se forment entre le 10 août et le 20 octobre. Les experts croient que quelques tempêtes vont se développer d'ici la mi-octobre.
Avec la collaboration d'Alexandra Giroux, météorologue