Le Canada souffre d'un manque de gravité
Vous avez peut-être déjà entendu parler du fait qu’au Canada, vous êtes moins lourd qu’ailleurs dans le monde. Même si cela semble invraisemblable, c’est bel et bien une réalité. Comment est-ce possible?
Une notion très importante à retenir tout au long de la lecture de cet article : la gravité est proportionnelle à la masse. Quelques endroits sur la planète présentent une masse moins élevée et donc, une gravité plus faible qu’ailleurs sur le globe. En plus de la baie d’Hudson, au Canada, vous serez moins lourd au sud de l’Inde et au Sri Lanka, dans une partie des Caraïbes et dans une portion de la République démocratique du Congo.
Modélisation de la Terre représentant le niveau de gravité. En rouge, les endroits où la gravité est la plus forte. En bleu, ceux où la gravité est la plus faible sur le globe.
Il est possible de mesurer les variations de gravité sur Terre avec les satellites de la mission GRACE (Gravity Recovery and Climate Experiment) de la NASA.
Le manteau terrestre en mouvement
Il existe deux raisons qui, en symbiose, provoquent le manque de gravité dont souffre le Canada. La première que nous mentionnons est la plus ancienne. La réponse se trouve au niveau du manteau terrestre, donc entre 100 et 200 km de profondeur. À l'intérieur de cette couche se trouve du magma en constant mouvement. Cela crée des courants qui jouent sur les plaques continentales. C’est ce qu’on appelle la « convection mantellique ». Plus précisément, ces courants attirent les plaques vers le bas, ce qui fait diminuer la masse de la zone. Du même coup, la gravité est en perdition. Les scientifiques estiment que 55 % à 75 % du manque de gravité sont causés par les courants dans le manteau terrestre.
Des vestiges frigorifiés
Les 25 % à 45 % restants sont des vestiges de la dernière période glaciaire, qui a débuté il y a 115 000 ans et a pris fin il y a 11 700 ans environ, une théorie développée plus récemment. À l’époque, une importante couche de glace de plusieurs kilomètres d’épaisseur recouvrait tout le territoire canadien. L’inlandsis laurentidien s’étendait de l’extrême nord du continent jusqu’au sud des Grands Lacs. La calotte glaciaire recouvrait les villes américaines actuelles de New York, Chicago et Seattle.
Étendue de la calotte glaciaire lors du Pléistocène. Source : Hannes Grobe/AWI
Le territoire canadien était enfoui sous 3,2 kilomètres de glace. La baie d’Hudson, elle, était sous 3,7 km d’eau gelée. Si 1 m3 de glace pèse plus de 2 020 livres, on n’a pas besoin de grands calculs pour imaginer le poids immense qui pesait sur le plateau continental. Bien sûr, toute cette glace est fondue et disparue depuis plusieurs milliers d'années, mais ses conséquences se font toujours sentir sur la forme du pays, sa masse et sa gravité. La surface de la Terre prend énormément de temps pour regagner sa forme initiale à la suite de tout ce temps passé sous une glace lourde. Pour mieux comprendre, on peut comparer le phénomène à une situation commune : un oreiller en mousse mémoire. Si vous y appuyez votre poing au centre, c’est là où l’oreiller sera le plus enfoncé. C’est donc l’endroit qui présente la plus faible masse. Dans le cas du Canada, il s’agirait de la baie d’Hudson. Plus on s’éloigne du centre, moins l’oreiller est déformé et donc sa masse augmente graduellement jusqu’aux abords, qui sont restés intacts. C’est exactement le même principe autour de la baie d’Hudson.
Une fois votre main retirée, l’oreiller regagne sa forme tranquillement. À ce jour, les scientifiques estiment que le plateau continental au niveau de la baie d’Hudson prendra encore 5 000 ans avant de regagner sa forme initiale.
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