Faire pousser des tomates sur Mars, utopique ou réaliste ?
Une des premières expériences à grande échelle de ce genre est celle réalisée par une équipe néerlandaise affiliée à l’université de Wageningue. La recherche, revue par les pairs, a été publiée en 2014 dans le journal PLOS ONE. Leurs résultats sont plutôt surprenants : plusieurs variétés de végétaux sont capables de pousser dans un sol semblable à celui de Mars et à celui de la Lune. La composition minérale de ces deux sols est effectivement semblable à celle de certains endroits sur Terre. Appelé «régolithe», un matériel qui se trouve à la surface du sol et qui a la fine consistance du sable a été imité.
Parmi les végétaux qui ont été testés, on peut nommer le blé, les tomates et la moutarde.
Un des éléments cruciaux à la croissance des pousses est l’azote réactif, qui est issu des matières organiques et primordial pour des plantes en santé. Toutefois, ce dernier est absent des sols sur Mars et sur la Lune, et a dû être ajouté par les chercheurs.
Le ketchup «Marz edition»
Qu’à cela ne tienne, ces travaux ont inspiré une autre expérience du genre : la collaboration entre la compagnie Heinz et le professeur de sciences biologiques Andrew Palmer, ainsi que quinze de ses étudiants.
Le but de l’expérience est de créer un ketchup «hors de ce monde», dont la recette serait entièrement reproductible sur Mars. Les tomates utilisées pour confectionner le condiment ont donc poussé dans des conditions similaires à celles qu’on retrouve sur la planète rouge. Des échantillons du désert de Mojave, aux États-Unis, ont été utilisés pour simuler un sol martien assez réaliste et la température des installations a été scrupuleusement contrôlée.
Près de deux ans ont été nécessaires afin de mener à bien ce projet.
Pas moins de 400 plants et des centaines de tomates ont crû entre les mains du Dr Palmer et de son équipe, ce qui représente une avancée intéressante pour l’alimentation à l’extérieur du cocon rassurant de la Terre. En effet, cette expérience à grande échelle a permis de souligner des difficultés que des projets de plus petite envergure n’avaient pu observer. Il est effectivement difficile de réunir toutes les bonnes conditions pour la croissance des plantes ailleurs que sur Terre : la luminosité, la température et l’irrigation sont essentielles à de bonnes récoltes, mais complexes à réunir de manière adéquate pour des cultures plus importantes.
De plus, l’équipe souhaiterait éventuellement mettre sur pied une approche plus diversifiée plutôt que de miser uniquement sur une monoculture, comme ce fut le cas au cours de cette expérience. Une plus grande biodiversité permet effectivement de réduire la vulnérabilité des écosystèmes aux maladies et d’optimiser le développement d’une plus grande variété de microorganismes.