Un regard tout neuf sur notre bonne vieille Terre
L'Agence spaciale canadienne a de quoi se réjouir : une heure après le lancement de la fusée Falcon 9, les nouveaux satellites étaient déployés avec succès.
Satellites canadiens à tout faire
Il est 9 h 55 mercredi matin. Toute l’Agence spatiale canadienne est sur le qui-vive. Dans moins de cinq minutes à 4500 kilomètres de l’Agence, une fusée avec à son bord trois satellites canadiens va bientôt prendre son envol. Même si certains pensent qu’il y a un risque à utiliser une seule fusée pour placer trois satellites en orbite, les scientifiques canadiens, eux, ont confiance. 10 h, la fusée Falcon 9 de la compagnie SpaceX s’extirpe de l’attraction terrestre. Le lancement est un succès !
Le satellite canadien Radarsat 2 va bientôt côtoyer ses remplaçants puisque Radarsat 3 est, en fait, une constellation de trois satellites. Quelques minutes après le décollage, la fusée a relâché sa charge utile. Chacun des trois satellites est déployé avec un angle différent pour éviter qu’ils n’entrent en collision les uns avec les autres au moment de quitter la fusée. Il existe deux types de satellites météorologiques : les géostationnaires et les défilants. Les géostationnaires sont situés à 36 000 km de la Terre et tournent à la même vitesse que nous. Ils donnent donc une image d’un même point à intervalles précis. Les défilants, quant à eux, tournent autour de la Terre en passant près des pôles. Radarsat 3 fait partie du deuxième type. La constellation sera placée sur une orbite à 600 km d’altitude, soit 200 km plus bas que ses prédécesseurs, et elle filera à 27 200 km/h. Elle a la capacité de prendre 50 fois plus d’images que les versions ultérieures.
Pourquoi 3 satellites identiques?
Une orbite prend 96 minutes à un satellite en basse altitude. Ils seront positionnés de façon équidistante soit à 32 minutes les uns des autres sur une trajectoire commune. De cette façon, on sera en mesure de prendre des images du même endroit plus fréquemment. Si, par le passé, on devait attendre 24 jours pour que Radarsat repasse exactement au même endroit avec le même angle, la constellation, elle, sera capable de le faire en seulement quatre jours. Une grande avancée selon Steve Iris, gestionnaire de mission de la constellation Radarsat. Il souligne également que grâce à Radarsat 3, il nous sera possible de détecter plus rapidement des changements ou des phénomènes. M. Iris ajoute que : « Ces satellites peuvent mesurer de façon très précise la distance qui les sépare du sol ». C’est un grand avantage, car en mesurant cette distance au centimètre près, on peut déceler tout mouvement du sol, comme ceux qui sont enregistrés lors de la fonte du pergélisol. La constellation aura la capacité de donner une image du Canada en entier chaque jour.
14 agences qui ont soif d’information
Les données recueillies par la constellation vont servir à plusieurs agences canadiennes. M. Benjamin Deschamps, scientifique physique au Centre canadien des glaces explique que leurs applications seront multiples. D’abord, la quantité de données enregistrées sera injectée dans les modèles de prévisions météo, augmentant leurs précisions. Au quotidien, il sera possible de surveiller les glaces. Très utile pour les capitaines de navire, la garde côtière et les communautés nordiques. Radarsat 3 déterminera également le type de glace, la concentration de celle-ci ainsi que son âge et son épaisseur. Ces satellites sont également très sensibles aux changements d’humidité dans le sol. Cette information servira aux agriculteurs et aux gestionnaires de l’industrie forestière. Il n’y a pas que sur terre qu’ils seront très utiles. La détection d’icebergs, l’estimation des vents marins et la surveillance d’hydrocarbures font aussi partie de la vaste gamme d’applications de la constellation. Même en matière de sécurité nationale, Radarsat 3 aura son utilité. Chaque navire qui vogue sur les océans est muni d’un transpondeur de localisation comme sur les avions commerciaux. Les satellites captent ces signaux et les relayent aux autorités. Si, soudainement un navire cesse d’émettre, elles seront immédiatement prévenues et pourront prendre les actions nécessaires pour stopper une activité illicite ou venir en aide à des naufragés.
Et ce n’est pas tout !
De plus, il sera possible de cartographier les milieux humides, surveiller l’érosion côtière et suivre les mouvements du sol à la suite de la fonte du pergélisol qui affecte la stabilité des infrastructures nordiques. Au cours des trois prochains mois, l’Agence spatiale canadienne (ASC) procèdera au positionnement des satellites. Puis viendra la phase de tests et de calibration. Si tout roule rondement, la constellation sera opérationnelle cet automne. Radarsat 3 va confirmer la reconnaissance internationale de notre expertise en matière d’observation terrestre avec des radars, souligne M. Iris de l’ASC.
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