Mégatempête solaire : quelles seraient les conséquences sur Terre?
Les mégatempêtes solaires se produisent de temps en temps. Que se passerait-il si l'une d'elles frappait la Terre de plein fouet?
En bref :
Une mégatempête solaire s'est déjà produite en 1859;
Les chances d'en revoir augmentent avec le temps;
Les conséquences pourraient être graves.
Il y a toujours de l'action sur le Soleil, mais parfois, cette activité augmente d'un cran. Notre étoile suit des cycles d'environ une décennie, voire un peu plus. Les taches sur le Soleil, qui peuvent apparaître de temps à autre, sont caractéristiques d'une intense activité magnétique. Lorsque cette énergie est libérée, cela peut créer des éruptions solaires localisées et des éjections de masse coronale.
Bon à savoir : Une éjection de masse coronale (ou EMC) est une bulle de plasma solaire chaud et magnétique qui est propulsé dans l'espace à partir du Soleil.
Même les tempêtes solaires les plus modestes peuvent endommager les satellites et causer des maux de tête aux astronautes de la Station spatiale internationale. Sur Terre, la vie continue comme si de rien n'était. L'atmosphère nous protège contre les effets les plus néfastes de ce phénomène. De plus, le champ magnétique de la planète dévie les particules vers les pôles Nord et Sud. C'est d'ailleurs pour cette raison que les aurores boréales sont très souvent visibles dans ces régions du monde : en entrant en contact avec la haute atmosphère, les vents solaires colorent le ciel de vert, de bleu et de rouge.
Toutefois, une éjection de masse coronale d'une grande puissance peut avoir des répercussions majeures sur nos vies. Ces tonnes de plasma magnétique peuvent perturber temporairement le champ magnétique de la Terre, créant un orage géomagnétique.
Que se passerait-il si une mégatempête solaire frappait la Terre de plein fouet?
Cela s'est déjà produit
L'événement Carrington, en 1859, en est un bon exemple. C'est le plus fort orage géomagnétique jamais observé et documenté sur Terre. Des aurores boréales ont coloré le ciel jusqu'aux Caraïbes. Dans les latitudes plus au nord, les gens seraient même sortis en pleine nuit, convaincus que le soleil était levé. À l'époque, les impacts ont été limités : l'électricité était encore marginale. Cependant, les télégraphes, seul moyen de communication à grande échelle disponible, ont été mis hors d'usage.
Depuis, quelques éjections de masse coronale notables ont créé des conditions propices à une mégatempête solaire. Un épisode, semblable à l'événement du 19e siècle, a frôlé la Terre en 2012. Les conséquences auraient pu être graves : si cela s'était concrétisé, certaines estimations évaluent les dommages à près de 3 000 milliards de dollars aux États-Unis seulement.
Quelles sont les conséquences possibles?
Le magnétisme des EMC crée des courants électriques qui peuvent nuire aux machines, omniprésentes dans le monde moderne. Ils peuvent engendrer des pannes majeures, voire carrément détruire les transformateurs électriques.
Aujourd'hui, l'électricité est au centre de nos vies. Elle chauffe nos maisons, éclaire nos nuits, alimente les chaînes d'approvisionnement et régit les transports. Dans un monde sillonné de millions de kilomètres de fils électriques, ce serait donc la catastrophe. Une pénurie d'énergie pourrait s'en suivre.
Cela s'est produit au Québec, en mars 1989 : une panne généralisée a plongé l'ensemble du territoire dans le noir pendant près de neuf heures. Depuis cet événement, plusieurs mesures ont été mises en place, comme un système d'alerte en temps réel et le recalibrage des équipements de protection d'Hydro-Québec. La position géographique du Québec le rend d'ailleurs particulièrement vulnérable à des phénomènes du genre, d'après Hydro-Québec. La présence du Bouclier canadien, soit des roches très anciennes, denses et dans lesquelles l'électricité ne peut circuler, sur la majorité du territoire, est la source de cette certaine fragilité. Cette dernière se tourne donc vers les circuits électriques, qui lui offrent une moindre résistance.
Si le monde est pris par surprise par un deuxième événement de l'amplitude de celui de 1859, cela pourrait avoir des conséquences graves sur de nombreux domaines :
Une pénurie d'énergie affecterait l'ensemble de la société, incluant les hôpitaux et les écoles;
L'utilisation d'ordinateurs serait pratiquement impossible : plus d'Internet, ni de télécommunications, ni de navigation;
Les chaînes d'approvisionnement, qui alimentent les épiceries et les magasins, pourraient être rompues;
Les transports seraient aussi perturbés.
Cela pourrait prendre plusieurs années, voire une décennie, avant de pouvoir remettre notre civilisation sur pieds.
Toutefois, difficile de déterminer de manière précise quels seront les impacts d'une tempête solaire d'une telle force. Les données ne sont pas nombreuses et sont sujettes à l'interprétation.
Une certitude
Des mégatempêtes solaires se produisent une à deux fois par siècle.
C'est assuré qu'un tel événement se reproduira. Les probabilités se chiffrent environ à 12 % par décennie. Elles augmentent donc avec le temps : d'ici 50 ans, on parle à peu près de 50 % de chances. Cependant, impossible de prévoir exactement quand le prochain phénomène du genre pourrait frapper la Terre.
Pas de panique
Si les tempêtes solaires sont difficiles à prévoir, il est néanmoins possible de déjouer leurs impacts les plus destructeurs. Le Soleil est observé de près depuis plusieurs dizaines d'années, et les tempêtes solaires sont bien documentées. Un changement, même minime, sera détecté assez rapidement, et l'Humain disposera de plusieurs heures, voire quelques jours, pour se préparer.
La NASA et la NOAA peuvent effectivement envoyer des avertissements aux compagnies électriques, aux opérateurs de véhicules spatiaux et aux pilotes aériens avant qu'une EMC majeure ne frappe, leur permettant de prendre des précautions.
Les chances qu'une méga-tempête solaire de l'ampleur de celle de 1859 frappe la Terre de plein fouet sans que personne ne l'ait vue venir sont très minces.
De nos jours, plusieurs mesures peuvent être mises en place. La majorité visent à augmenter la résilience du système face à des imprévus. Les communications entre les scientifiques et les autorités peuvent également être optimisées en cas de crise.
Le risque est gérable, mais reste bien réel.
NDLR : Le terme tempête solaire est utilisé à des fins de vulgarisation.
