Réaliser des économies grâce au pouvoir de l'équateur
Le Centre spatial Kennedy et le cosmodrome de Baïkonour sont les plus vieilles plateformes de lancement vers l’espace. Elles partagent un point commun avec plusieurs autres bases à travers le monde : elles se situent près de l’équateur… et ce n’est pas par pur hasard.
L’équateur a un pouvoir insoupçonné qui est grandement utile pour les agences spatiales du monde entier. En effet, comme la Terre est relativement ronde, sa vitesse de rotation diminue plus on s’approche des pôles. Pour être plus précis, notre planète tourne deux fois plus rapidement à la latitude 0 (1 600 km/h) qu’ici, au Canada (800 km/h). Ainsi, la force centrifuge de la Terre est plus importante au niveau de l’équateur. C’est aussi la raison pour laquelle elle n’a pas la forme d’une sphère parfaite, mais bien celle d’une ellipse, les pôles étant légèrement aplatis.
Lors de missions habitées
C’est cette force qu’utilisent les agences spatiales pour effectuer des économies de carburant, de temps et d’argent lors de l’envoi d’astronautes et de satellites dans l’espace. La force centrifuge aide les fusées à se propulser à l’ « extérieur » de notre planète.
C’est pourquoi la majorité des bases de lancement se situent tout près de l’équateur. Par exemple, l’Agence spatiale française a sélectionné sa communauté d’Amérique du Sud comme terrain de jeu vers l’espace : la Guyane. Le Centre spatial guyanais se trouve à Kourou, une ville située à seulement 5 km au nord de l’équateur. Cela explique aussi la raison derrière l’emplacement du Centre spatial Kennedy, en Floride, et de la base de Vandenberg, en Californie, les deux sites de lancement principaux de la NASA. Les deux sont en symbiose. Leur situation géographique leur permet d’abord de garder en sécurité les populations environnantes puisque la retombée des étages de lanceurs s’effectue au-dessus d’un plan d’eau. Encore plus important, leur localisation permet à la NASA de propulser des engins spatiaux dans plusieurs azimuts. Plus précisément, la base de Cap Canaveral permet à un engin spatial, comme un satellite, d’atteindre des orbites inclinées comprises entre 57° et 29° tandis que celle de Vandenberg couvre celles entre 36° et 104°.
À l’opposé, il serait plutôt dangereux d’effectuer le lancement de missions habitées d’une base située près des pôles en raison de la plus grande exposition au rayonnement solaire à cet endroit. Le champ magnétique de la Terre est plus faible aux extrémités de la planète, ce qui peut causer plusieurs problèmes. Premièrement, les communications entre les astronautes à bord et les scientifiques au sol pourraient être corrompues. De plus, le niveau de turbulence y est plus élevé, une autre problématique qu’il est préférable d’éviter.
En ce qui concerne les satellites
Ainsi, l’envoi d’astronautes dans l’espace à l’équateur est moins coûteux et plus sécuritaire. Cela permet aussi une économie une fois en orbite en ce qui concerne les satellites géostationnaires. Ce genre de satellite observe toujours le même endroit de la planète. On les utilise notamment en télécommunications et en météorologie.
Les agences spatiales gagnent à les lancer d’une latitude correspondant à celle de l’orbite du satellite, qui, dans le cas des géostationnaires, est toujours à 0°, c’est-à-dire à l’équateur. La raison principale est encore une fois les économies. Cette fois-ci, elles sont possibles en raison du plus faible nombre de manipulations à effectuer pour positionner le satellite dans son orbite finale. Bien entendu, les agences spatiales profitent toujours de la force centrifuge terrestre lors de l’envoi de satellites géostationnaires.
Il existe une exception, un type d’engin spatial dont le lieu de lancement vers l’espace importe peu : les satellites quasi polaires. Ceux-ci ont une orbite héliosynchrone, ce qui veut dire qu’ils observent toujours le même endroit de la Terre au même moment de la journée, empruntant une trajectoire nord-sud. Grâce à la rotation de notre planète, ces satellites auront couvert toute la surface de la planète après un cycle orbital complet qui peut prendre plusieurs minutes, voire plusieurs heures. Ils ne sont donc pas en orbite exclusivement à l’équateur. C’est pourquoi une plateforme de lancement plus nordique n’est pas un souci dans cette situation.
VOUS AIMEREZ ÉGALEMENT : Ce moment de l'année est à prioriser pour observer les étoiles