Au Québec : toutes les saisons dans un mois
Le Québec est pris entre deux extrêmes. Analyse.
Encore la chaleur
La chaleur a marqué octobre. Dans l'ensemble, le Québec a enregistré jusqu'à 4 °C au-dessus de la normale dans certains secteurs. À Montréal, c'est une anomalie positive de 3,5 °C. Rappelons que la normale correspond aux températures recueillies depuis 1991. De plus, la province a connu la canicule la plus tardive de l'histoire au début d'octobre : trois journées consécutives avec un maximum de 30 °C et plus.
« C'est un mois d'octobre record du centre vers l’est de la province, explique Réjean Ouimet, météorologue. On a connu 13 journées avec des records de douceur et ce fut très majoritairement des minimums élevés. Aucune marque de basse température n’a été battue au Québec durant le mois. On a aussi connu une canicule. La plus haute température jamais enregistrée au Québec fut le 3 octobre à Luskville : à 31,2 °C. On a répété l'exploit le lendemain à Ormstown. »
La pluie et la neige
En ce qui concerne les précipitations, octobre a surpris à plusieurs égards. Dans plusieurs régions, elles ont été au-dessus de la normale. En Abitibi, Val-d'Or a enregistré un record avec plus du double par rapport à la moyenne pour le mois. Toutefois, l'on retiendra quelques épisodes de grandes pluies qui ont propulsé les totaux vers des sommets. De plus, une neige surprise s'est invitée même dans le sud du Québec le 30 octobre, produisant un tapis blanc par endroits, phénomène rare dans un contexte de climat changeant.
« En octobre, on a connu deux événements où plus de 100 mm de pluie sont tombés, raconte Réjean Ouimet. Lors du week-end de l’Action de grâces, le pire depuis au moins 30 ans, il tombe jusqu’à 193 mm de pluie en Mauricie. De nombreux cours d’eau et tronçons de route écopent. Et lors d’un autre week-end, les 21 et 22 octobre, il pleut pendant 50 heures consécutives. À Sainte-Clotilde de Horton, en Estrie, il tombe 101 mm d'eau. »
Nuits chaudes
Fait remarquable en octobre : les minimums élevés ont fortement contribué à gonfler la moyenne des températures pour le mois. En effet, les nuits chaudes ont fracassé des records partout en province. Notons que Saguenay a enregistré des minimums moyens de 1,5 °C plus chaud que l'ancienne marque qui remontait à 2021. Il s'agit d'une tendance lourde que l'on observe depuis tout récemment. Ce fait remarquable a également retardé l'arrivée des gels : certains secteurs ont enregistré un mois de retard. De plus, Montréal a reçu de la neige avant son premier gel, une première en 25 ans.
« L’abondance de nuages et le jeu des masses d’air en provenance du sud ont contribué à la douceur du mois, estime Réjean Ouimet. Un signe comme toujours qu’à compter de maintenant jusqu’au mois de mai, le soleil va jouer un rôle d’appoint quant à la chaleur. »
Mois record
Entre le 3 et le 5 octobre, quatre villes du Québec ont enregistré un record mensuel de chaleur : Val-d'Or, Gatineau, Montréal et Sherbrooke. Ces marques ponctuelles témoignent de l'allure du mois dans son ensemble, mais aussi de la saison. Si la tendance se maintient, elle devrait se hisser au sommet du palmarès des automnes les plus chauds.
« Au total des deux mois de l’automne en cours, 2023 est le deuxième plus chaud derrière 2017, mentionne Réjean Ouimet. Rappelons que 2017 et 2011 sont les deux automnes les plus chauds jamais enregistrés, notamment à Montréal. La tendance risque fort de se maintenir cette année. »
Avec la collaboration de Patrick Duplessis et Réjean Ouimet, météorologues.