Automne : le froid sera de plus en plus décalé au Québec
Les retards s'accumulent au Québec. Prévision.
Une séquence de rêve
À la mi-saison, l'on doit se rendre à l'évidence : la première portion a été marquée par des températures anormalement chaudes. Durant ces 45 jours, le Québec a enregistré une anomalie positive de près de trois degrés. La fin du mois de septembre et le début d'octobre représentent une séquence exceptionnelle avec de la chaleur estivale.
« L’automne 2023 a été marqué par des chaleurs records jusqu’à tout récemment, explique Réjean Ouimet, météorologue. Au terme de la première moitié de l’automne climatologique, le bilan est largement positif. Près de 3 degrés au-dessus de la normale. Ce qui nous place au sommet, à égalité avec le début de l’automne 2017, une saison marquée par une canicule automnale comme cette année. Le flux d’air du Pacifique amplifié par des effets de crêtes sur l’est du continent a été l'élément déterminant de la saison à ce jour. »
Un vif contraste
À quoi s'attendre pour la seconde portion de la saison? Les températures saisonnières anticipées devraient quand même marquer un contraste. De fait, la première moitié de l'automne a été si chaude que l'écart ainsi creusé par un mercure près de la normale risque d'être prononcé. En comparant avec une moyenne calculée entre 1990 et 2020, l'on obtient une différence plus importante en 2023 entre les deux périodes.
« Avec le soleil qui perd des plumes, on voit le temps se rafraîchir, poursuit Réjean Ouimet. Normalement, entre les deux moitiés de la saison, on a en moyenne une descente de 8 à 9 degrés. Cette année, ce sera davantage. On est parti de plus haut; et même si les températures au total de la mi-octobre à la fin novembre resteront comparables aux normales, on va connaître un écart de 11 degrés entre les deux moitiés de l’automne. »
Le creux domine
Une tendance déjà bien entamée devrait persister durant les prochaines semaines. En effet, un creux atmosphérique dominerait sur le Québec. Ceci a pour effet de limiter l'influx de chaleur en provenance du sud. Toutefois, des températures près des normales sont anticipées. Cette séquence ne risque donc pas d'être marquée par un froid mordant, puisque le vortex polaire exerce encore peu d'influence sur nos régions.
« Ce virage semble laisser des traces, affirme Réjean Ouimet. En effet, un régime davantage en creux atmosphérique va dominer au cours des prochaines semaines. On aura donc une dominante météo à l’abri des fortes chaleurs prolongées. Les grands froids restent discrets pour le moment puisque le couplage avec le Grand Nord reste à faire. »
Fin de saison en douceur
Un écoulement d'air en provenance de l'ouest permettrait à la douceur de s'exprimer vers la fin de l'automne. C'est ce que l'on appelle un flux zonal. Les forts vents en altitude ont tendance à suivre un axe d'ouest en est relativement rectiligne. Selon les prévisionnistes, cette situation pourrait perdurer et adoucir le début de l'hiver.
« La baisse de régime pourrait toutefois s’assouplir pour terminer la saison, précise Réjean Ouimet. En novembre, le repositionnement du creux sur la côte ouest va permettre un écoulement d’air ouest-est jusque sur les régions de l’est du pays. Dans ce genre de situation, des périodes de douceur seront de mise pour faire le pont vers le début décembre. D’où l’espoir d’un hiver lent à venir, au bonheur de plusieurs. »
Avec la collaboration de Kevin Cloutier, Bertin Ossonon et Réjean Ouimet, météorologues.
