El Niño pourrait bouleverser l’automne au Québec
El Niño pourrait bouleverser l'automne au Québec. Voyez comment.
El Niño en automne
Le phénomène El Niño prend de l'ampleur dans le Pacifique équatoriale depuis la fin du printemps dernier. Cet automne, les prévisionnistes estiment que son intensité serait de modérée à forte. Qu'est-ce que cela signifie pour le Québec ?
« Bien que le phénomène El Niño soit caractérisé par une anomalie chaude dans le Pacifique, ses conséquences sont diverses, explique Patrick Duplessis, météorologue. On compte 11 automnes avec un El Niño modéré à fort depuis 1950. Lorsque l’on regarde la moyenne des températures durant ces automnes, on remarque que la chaleur se maintient souvent un peu plus longtemps en début de saison (septembre). Par la suite cependant, on constate que le froid l’emporte sur la chaleur vers le milieu de la saison. Le mois d’octobre a donc tendance à prendre un peu plus rapidement qu’à l’habitude des allures hivernales sous El Niño. »
Le froid s'invite tôt
Les premiers signes de l'hiver se manifestent de façon hâtive, mais ils s'essoufflent rapidement. De fait, au début de la saison météorologique en décembre, le Québec assiste plutôt à la revanche des anomalies positives.
« La tendance s’inverse généralement en décembre, alors qu’on retrouve des températures au-dessus de la normale sous El Niño, précise Patrick Duplessis. On a même l’exemple de 2015 (très fort El Niño), où il avait fait plus de 20 °C dans l’ouest de la Montérégie le 24 décembre, un cas extrême. Des signes hivernaux qui sont donc souvent hâtifs, mais qui prennent beaucoup de temps à vraiment s’installer. »
Les premiers flocons
Les précipitations solides arrivent avec le froid qui s'installe de façon plus appuyée. Sous El Niño, la neige a donc tendance à prendre un peu d'avance en automne. Les premiers flocons tombent presque une semaine plus tôt.
« C’est souvent synonyme de premiers flocons qui s’invitent hâtivement, poursuit Patrick Duplessis. De fait, on note qu’en moyenne dans le sud du Québec, on observe la première neige mesurable cinq jours à l’avance lorsqu’un El Niño modéré à fort est présent. On note d’ailleurs les années 1977 (El Niño faible) et 1987 (El Niño fort) où des flocons avaient été enregistrés dès la fin du mois de septembre dans le sud de la province. »
Plus de neige
Selon les données recueillies par le météorologue, El Niño n'aurait pas d'impact en ce qui concerne les quantités de précipitations (solides et liquides). Toutefois, vers la fin de la saison lorsque les températures sont plus froides, la neige est plus abondante.
« À Montréal, on compte en moyenne près de 40 % plus de neige en novembre lors d’un El Niño modéré à fort que la moyenne de 1950-2022 : 26 cm contre 19 cm, respectivement, affirme Patrick Duplessis. On recense cependant des événements marquants qui sont survenus durant ces automnes. En 1997, deux systèmes apportent un total de 34 cm de neige dans le dernier tiers d’octobre à Gatineau, et 13 cm à Montréal. En 2002, la pointe gaspésienne reçoit plus de 60 cm en 24 heures à la mi-novembre. »
Avec la collaboration de Patrick Duplessis, météorologue.