El Niño : une mauvaise nouvelle pour l’été au Québec
Un épisode qui survient au bien mauvais moment. Analyse.
El Niño en été
Après un règne de trois ans du phénomène La Niña dans le Pacifique équatorial, les experts de la NOAA estiment que les eaux de surface de cet océan entrent en phase neutre. Cela signifie que la température s'est réchauffée suffisamment pour remonter à un niveau jugé normal. Les prévisionnistes laissent entendre que cette situation ne serait que de courte durée. En effet, un épisode El Niño serait en préparation et pourrait se concrétiser durant l'été.
« El Niño a cédé toute la place au phénomène sœur La Niña durant les dernières années, explique Réjean Ouimet, météorologue. Les derniers étés ont été favorisés. Voilà que l’on assiste à un revirement de situation du côté du Pacifique équatorial. Et ceci pourrait avoir des conséquences sur l’été 2023. »
El Niño contre l'été
Les météorologues redoutent que le prochain épisode El Niño ait une trop grande influence sur l'été au Québec. En effet, lors des saisons estivales où El Niño régnait, la Belle Province a rongé son frein. De fait, le phénomène se bâtit à l'heure actuelle et c'est plus tard en été qu'il devrait prendre toute son ampleur. En rétrospective, lorsqu’El Niño se manifeste de façon faible, un été sur sept s'est avéré beau. Lorsque le phénomène devient modéré, c'est un sur cinq. Finalement, s'il est fort, c'est zéro en trois!
« Deux scénarios se dessinent : soit l’été sera sous l’emprise du phénomène, soit celui-ci se fera attendre, résume Réjean Ouimet. Chose certaine, d’ici la fin de l’été, on n’y échappera pas. »
Tout n'est pas perdu
Lors des étés El Niño, un creux atmosphérique a tendance à dominer. Le Québec se retrouve dans un corridor actif où les systèmes se succèdent. Les températures laissent à désirer. Toutefois, un espoir subsiste : le phénomène pourrait tarder à s'installer. En 2001, un épisode faible n'avait guère influencé la saison qui s'est avérée belle dans son ensemble. En 1957, c'est un El Niño modéré qui avait produit un bel été.
« Considérons le cas particulier qui nous occupe, poursuit Réjean Ouimet. On sort d’une longue séquence où La Nina a contrôlé nos étés. Un peu comme si malgré la fin du phénomène La Niña, celui-ci laissait quelques traces dans le comportement de l’atmosphère. Il est vrai qu’il y a un décalage entre les changements sur les océans et les modifications de l’atmosphère. »
Avec la collaboration de Réjean Ouimet et Kevin Cloutier, météorologues.