Neige au Québec : quelque chose ne tourne pas rond cette année
Quelque chose ne tourne pas rond, mais le coup de théâtre s'en vient. Analyse.
Un automne au ralenti
Normalement, à cette période-ci de l'année, le Québec assiste aux premières manifestations de l'hiver. La neige gagne du terrain, le froid augmente son emprise. Toutefois, les choses ne se passent pas comme prévu en 2023. L'automne ne parvient pas à procéder à sa transition habituelle vers la saison froide. Ce qui retient l'attention ici : l'absence de neige dans les secteurs au nord. Entre le 1er septembre et le 15 octobre, les températures ont été anormalement chaudes dans la majorité des régions du Canada.
« L’automne 2023 a ceci de particulier qu’il a de la difficulté à véritablement prendre son envol, affirme Réjean Ouimet. Ceci se traduit par une absence remarquée. Les manifestations de neige se font au ralenti. Bien que la saison soit encore relativement jeune, à compter de la mi-octobre, les neiges surprises se manifestent. C’est assez discret cette année.
Octobre dégarni
Au Québec, la neige peut manquer à l'appel en octobre. Dans certaines régions comme en Abitibi, il n'est pas rare de mesurer des accumulations durant le mois. Cette année, selon Réjean Ouimet, ce sont des cas isolés.
« Pour le sud du Québec, ce sont les régions en terrain élevé qui ont vu neiger un peu cette année, précise Réjean Ouimet. Le lundi de l’Action de grâce a été blanc au Mont-Tremblant, au nord en Abitibi et dans le parc de La Vérendrye. Les régions du nord du Québec et du Canada sont d’abord touchées par les premières neiges et le tout se propage aux latitudes plus au sud.
Le pôle déficitaire
Les scientifiques estiment que l'absence de neige en Arctique défavorise les régions plus au sud en ce qui concerne l'installation des conditions hivernales. Le couvert neigeux déficient a pour conséquence de retarder les effets du vortex polaire.
« Ce qu’il y a de particulier cette année, c’est le déficit de neige au nord, explique Réjean Ouimet. Autour du pôle, l’étendue de la neige au sol est moins avancée qu’en temps normal. Ce retard a un effet de rétroaction sur le froid qui est plus lent à s’installer quand la neige ne couvre pas le sol. »
Montréal, bien au chaud
Octobre est particulièrement chaud cette année dans la métropole. De fait, la première portion de l'automne est une des plus chaudes jamais enregistrées à Montréal, à égalité avec 2017. Ce n'est pas si remarquable que la neige ne se manifeste pas encore dans l'extrême sud du Québec, mais ce qui l'est davantage, c'est le fait qu'elle manque à l'appel dans les régions les plus nordiques.
« La chaleur est d’ailleurs bien présente au nord, ajoute Réjean Ouimet. La neige est en déficit jusque dans les coins les plus reculés du nord du Canada et du Québec. On constate un déficit également de l’autre côté du pôle, même en Sibérie. Si la manufacture ne répond pas, pas étonnant que la livraison des flocons sur le sud du Québec soit en attente. »
Avec la collaboration de Bertin Ossonon et Réjean Ouimet, météorologues.