Votre jardin ne sera plus jamais pareil... Voyez pourquoi !
Espèces envahissantes, changements climatiques et nouvelles maladies : le paysage floral au Québec sera appelé à changer dans les prochaines années. Les couleurs du printemps seront donc possiblement différentes dans le futur. MétéoMédia s'est entretenu avec David Wees afin d'obtenir un portrait juste de la situation.
Changements à venir dans la flore québécoise ?
« La présence de ces espèces [de plantes envahissantes] dépend beaucoup des mouvements de plantes, intentionnels ou non, à l’échelle planétaire. Celle-ci ne dépend pas nécessairement des changements climatiques, même si ceux-ci peuvent avoir un impact », explique le professeur au Programme de sciences végétales et de gestion et de technologie agricoles de l’Université McGill, David Wees.
Il explique que l'on remarque la présence de certaines espèces telles que la phragmite, le nerprun et l'alliaire officinale dans les milieux naturels. « On peut penser à la présence de l’agrile du frêne qui, en tuant les frênes, va certainement modifier la composition de nos forêts », continue-t-il.
D'ailleurs, les changements climatiques pourraient faire devancer la date de floraison de plusieurs espèces printanières de 7 à 10 jours.
« La croissance des fleurs est accélérée en raison des printemps climatologiques de plus en plus chauds », explique Farah Benoît, météorologue à MétéoMédia. « Le top 2 des printemps les plus chauds ont été observés dans les dix dernières années ».
Le printemps en couleur
Le printemps typique se déroule en trois phases : le printemps blanc, brun et vert. Lors du « printemps blanc », au mois de mars, les contrastes de températures sont plus présents. Résultat : des blizzards et des tempêtes de neige.
Le « printemps brun », qui survient généralement en avril, se traduit par la fonte de la couverture de neige accélérée par le réchauffement rapide des températures.
Les couleurs du printemps surgissent dès le « printemps vert ».
C'est durant le mois de mai que les températures montent en flèche, accélérant ainsi la croissance des plantes. Cette croissance est calculée grâce aux degrés-jours, c'est-à-dire une mesure qui permet d'estimer le développement des plantes.
Les premières percées de fleurs
La floraison de certaines bulbes de fleurs débute en mars alors que le sol est encore recouvert de neige. Les premières fleurs à percer le sol à la fin de l’hiver sont les crocus et les scilla, qui représentent toutes deux l’arrivée du printemps. Les crocus se multiplient rapidement et reviennent année après année.
Jaillissent du sol ensuite les jonquilles et les tulipes. La floraison des jonquilles débute à partir du mois de février jusqu’au mois de mai pour une durée totale d'une quinzaine de jours. Chaque fleur est très différente : leur hauteur peut varier de 8 à 60 centimètres selon la variété.
Le paysage floral québécois est également riche en plantes forestières indigènes. Il est possible de consulter l'encyclopédie des fleurs sauvages du Québec pour constater l'étonnante variété qui habite nos forêts. Les sanguinaires, les érythrones, les trilles et l'asaret du Canada ont toutes une floraison plutôt hâtive. Fait intéressant : les sanguinaires étaient autrefois utilisées par les Amérindiens pour se peindre le corps et le visage !
Poussée rapide de certains arbres
« Certains arbres et arbustes sont hâtifs », explique M. Wees. Parmi ceux-ci, on compte entre autres les saules qui nous offrent des fleurs appelées « chatons ». Celles-ci sont très différentes des fleurs typiques : elles n'ont pas de pétales voyants ni de parfum. Ces boules de poils noirs protègent les vraies fleurs du froid.
La situation de 2019
Qu'en est-il de la floraison en ce printemps 2019 ?
Sans surprise, les conditions plutôt fraîches depuis le début de la saison font en sorte que la floraison est en retard cette année, et ce, partout au Québec.
Comme les couleurs apparaîssent majoritairement au mois de mai, il est important de regarder l'apport de soleil et de chaleur au cours des prochaines semaines pour savoir si nous pourrions rattraper le retard. Malheureusement, bien qu'il dominera pour débuter la semaine, le soleil devrait se faire plus timide jusqu'à la mi-mai.
Sur le plan des températures, c'est le même scénario : la fraîcheur devrait ralentir la croissance florale pour la deuxième semaine du mois.
Pour la deuxième moitié de mai, les conditions nécessaires ne seront pas réunies puisque la tendance sera à la fraîcheur et aux nuages. Bien entendu, le Québec connaîtra des épisodes éphémères plus doux en fonction des systèmes qui atteindront la province. Selon nos estimations, nous serons en retard de croissance d'une dizaine de jours en date du 31 mai.
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