Saison des ouragans : Beryl n’était qu’un avant-goût
Les experts ont (encore) revu leur prévision à la hausse.
Les chercheurs de l’Université du Colorado ont publié de nouvelles prédictions pour la saison à venir. Dans une mise à jour datant du 9 juillet, ils annoncent 25 tempêtes nommées, 12 ouragans et six ouragans majeurs (de catégorie 3 ou plus), soit le double de ce qui est attendu en moyenne. Les tempêtes seraient donc plus nombreuses et plus intenses.
Beryl, qui a balayé l'Amérique du Nord, des Caraïbes jusqu’à l’est du Canada, en est le reflet. Il avait atteint le statut d’ouragan de catégorie 5 lors de son passage dans le sud-est des Caraïbes le 2 juillet, laissant un sillage de destruction derrière lui. Son intensité ainsi que son développement précoce lui ont d’ailleurs valu plusieurs records. L’annonce tombe alors que la plupart des régions frappées par ce dernier ne s'en sont pas encore complètement remises.
Les températures records de l’Atlantique
Un facteur se démarque pour expliquer l’origine de cette hausse de l’activité tropicale : les températures exceptionnelles de l’Atlantique. Les eaux chaudes, plus volatiles, alimentent les systèmes en humidité. Or le bassin Atlantique connaît des températures bien au-dessus des normales depuis plusieurs mois. On parle d’une anomalie d’environ 2 °C, voire plus par endroits.
Le retour de La Niña
La Niña, contrepartie du phénomène El Niño, est également connue pour amplifier l’activité tropicale dans l’Atlantique. Or, elle devrait prendre le dessus entre août et octobre, période à laquelle la saison des ouragans atteint son apogée.
La Niña est associée à une température des eaux de surface sous les normales dans le Pacifique, le long de l'équateur. Dans cet océan, le cisaillement vertical des vents est accentué, malmenant les tempêtes en développement. L’activité tropicale y est donc plus faible.
Mais de l’autre côté du continent américain, les effets sont contraires : les eaux superficielles de l’Atlantique se réchauffent et le cisaillement des vents diminue. Les tempêtes en formation ont à disposition plus d’humidité et moins de résistance en altitude, ce qui favorise à la fois leur développement et leur intensification.
La saison 2024 sera assurément à surveiller de très près.
Avec la collaboration de Kevin Cloutier, météorologue.