Si le mois de mai est ordinaire, l'été sera…
Mai un bon prédicteur de l’allure de l’été? La réponse dans l'article.
La machine atmosphérique
La complexité de l'atmosphère et les différents mécanismes qui exercent une influence sur les facteurs météo font en sorte que le changement prend du temps. Lorsqu'une situation de blocage règne, la tendance peut se maintenir plusieurs semaines. Cette année, la deuxième moitié du printemps laisse à désirer en raison de la présence de froid. Les chaleurs mettent du temps à s'installer et le Québec doit composer avec l'omniprésence d'un creux. Au programme : du temps gris, instable et frais. Dans quelle mesure ce contexte défavorable peut-il empiéter sur notre été ? Sur 45 cas où un lien a pu être établi entre mai et l'été suivant, 18 ont montré les deux décevants, ce qui équivaut à 40 %.
« Si la bascule atmosphérique vers un scénario estival (retrait du vortex et circulation fluide d’ouest en est – zonale) ne s’opère pas en mai, cela peut être un indicateur d’un été qui va laisser à désirer, affirme Réjean Ouimet, météorologue. Il sera plus difficile par la suite de rectifier la situation et on risque de perdre une partie de la saison à attendre le déblocage vers le plein été. Bien que des variations soient possibles, il arrive que le scénario de mai s’accélère ou ralentisse en ce qui a trait à l’installation de la belle saison. Ceci est déterminant et donne des indications sur l’allure de la saison estivale à venir. »
Le chemin inverse
Heureusement pour nous, certaines années ont donné lieu à un revirement de situation. Cela signifie que tout n'est pas perdu : même si mai est gris, l'été qui suit peut être sauvé. Cette année, c'est sensiblement le même scénario qui se dessine. Évidemment, le mois n'a que le premier tiers de complété, mais il semble qu'une tendance défavorable domine depuis quelques semaines.
« Il arrive que le mois de mai débute sur une note chancelante, c’est le cas cette année. Et ceci est d’autant plus remarquable que le printemps jusqu’alors a été beau. Le revirement peut être passager et la fin du mois va redresser la situation. Ce qui a pour effet de remettre la belle saison sur les rails et de connaître par la suite un bel été. Historiquement, les cas de contradiction entre les mois de mai moches et l’été suivant qui vire au beau représentent 41 % des cas où il y a désaccord entre les deux. »
Cas remarquables
L'échantillon prélevé pour le bien de cette analyse comprend plus de 80 ans de données climatologiques. Toutefois, il convient de considérer les années récentes puisque le climat du Québec change. De fait, les étés sont plus chauds si l'on fait abstraction de celui de 1955, le plus chaud depuis le début des relevés. Selon Réjean Ouimet, deux cas des dernières années sont dignes de mention.
« On a connu des mois de mai décevants plus fréquemment entre 2015 et 2019, note Réjean Ouimet. Deux années retiennent particulièrement l’attention : 2017 et 2019, alors que le manque de soleil a été flagrant. En 2017, l’été n’a pas vraiment levé, il s’est avéré le 22e plus laid des 82 derniers étés. Toutefois, en 2019, le virage a pris un certain temps. Mais l’été, quoique court, a été le cinquième plus beau. Cela pourrait être notre espoir cette année.
Avec la collaboration de Patrick Duplessis et Réjean Ouimet, météorologues.