Froid en mars : une tendance lourde irréversible?
Une machine bien huilée risque de poursuivre son travail. Prévision.
Régime douceur
Le froid a peu atteint le Québec cet hiver. Évidemment, c'est bien relatif puisqu'il n'a pas fait chaud. Les descentes d'air arctique ont eu un impact limité et ont été de courte durée. Cette tendance semble vouloir se maintenir en mars, du moins durant les premières semaines. Le contexte atmosphérique dominant devrait mettre en scène des températures majoritairement au-dessus des valeurs saisonnières. Mentionnons qu'à compter du 6 mars, le maximum moyen passe au-dessus du point de congélation dans le sud de la province.
« Le moule à redoux fonctionne encore très bien, estime Réjean Ouimet, météorologue. La descente d’air froid va s’orienter vers l’ouest du continent une partie du mois de mars. L’orientation des courants de vents déterminants va continuer de favoriser les remontées de chaleur vers le Québec durant les prochaines semaines. Comme la chaleur a commencé à se construire aux latitudes plus au sud. Toute remontée d’air vers le Québec peut nous apporter encore des surprises. On n’a donc pas fini de connaître le temps d'avril en hiver. Rappelons que celui-ci pivote vers le printemps le 19 mars. »
Changement de paradigme
L'hiver n'a peut-être pas dit son dernier mot en ce qui concerne le froid. Toutefois, un changement de régime aurait un impact plus mitigé vers la fin du mois. L'intensité et la durée de ce renversement de situation sont encore à déterminer à ce moment-ci.
« On observe encore des possibilités de renversement de situations dans les régions plus au nord, poursuit Réjean Ouimet. Cela se joue en haute atmosphère. De fait, c'est au niveau de la stratosphère soit à plus de 10 km au-dessus de la surface terrestre que l’on identifie une poussée de chaleur. Ce serait la 3e de l’hiver. Vraisemblablement la dernière de la saison avant l’hiver prochain. Les conséquences ont été plutôt limitées, pour ne pas dire inexistantes. »
Mars en deux temps
Entre la première et la seconde moitié de mars, la moyenne saisonnière grimpe de 4 °C dans le sud du Québec. Les rayons du soleil deviennent plus efficaces pour réchauffer l'atmosphère. Toutefois, le scénario qui se dessine cette année risque de ramener le froid. Par conséquent, la douceur anticipée durant les vingt premiers jours du mois devrait contraster avec une fin mars (et possiblement même un début avril) avec des températures sous les normales.
« C'est possible que les astres s’alignent pour amener de l’air arctique vers nos régions dans le dernier tiers du mois, affirme Réjean Ouimet. Du froid anormal pour finir le mois de mars et une prolongation en avril sont possibles. Dans ce cas, les températures peuvent difficilement être qualifiées de glaciales : le soleil de fin mars joue en notre faveur. Et les chances que cela se produise cette année sont aussi minces dans les deux cas.
Avec la collaboration de Patrick Duplessis et Réjean Ouimet, météorologues.
