Un autre facteur qu’El Niño pourrait changer l’allure de l’hiver

Cet hiver, El Niño mettra en scène un autre facteur tout aussi important. Explications.


Le vortex polaire

L'atmosphère de notre planète est composée de plusieurs couches. La troposphère est celle qui permet la vie et à l'intérieur de laquelle ont lieu les phénomènes météorologiques. Son épaisseur varie selon la latitude : elle est plus épaisse de quelques kilomètres à l'équateur par rapport aux pôles. Au-dessus, il y a la stratosphère. On y retrouve le vortex polaire, cette zone de basse pression délimitée par de forts vents et qui renferme l'air le plus froid sur terre. Lorsque le vortex est bien circonscrit et fort, le froid reste bien campé au pôle. Dans le cas où un réchauffement stratosphérique survient, la donne change.

« Ce phénomène causé par un réchauffement dynamique est provoqué par la remontée d’énergie en provenance des couches inférieures de l’atmosphère, explique Réjean Ouimet, météorologue. Une vague d’air appelée onde planétaire d’une étendue de plus de 1200 km va se propager des régions chaudes du Pacifique subtropical vers le nord au Canada. Lorsque cela se produit, le vortex polaire stratosphérique va alors faiblir. Le vortex troposphérique se dilate en méandres. Les conséquences seront fâcheuses : des conditions hivernales extrêmes en surface. »

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Grands froids d'hiver

C'est surtout durant le cœur de l'hiver, à compter du 15 janvier, que le vortex polaire entre en scène. Il peut se manifester plus tôt ou plus tard, mais de façon moins appuyée. Du reste, lorsque le réchauffement stratosphérique se produit, les incursions incisives de froid au Québec sont anticipées. Même si les grands froids d'hiver sont moins intenses qu'autrefois et de moins longues durées, ils n'ont pas cessé d'exister pour autant.

« Le ralentissement rapide de ses vents peut avoir des conséquences sur la circulation en surface et entraîner un changement de températures brutal quelques jours ou semaines plus tard, précise Réjean Ouimet. L’air froid pourra alors descendre à des latitudes plus basses. Et pire encore, il favoriserait un scénario de blocage au niveau du Groenland qui pourrait mener à une longue période de froid au Québec par exemple. Ceci a pour effet d'embouteiller l'air arctique sur le Québec et prolonger par le fait même des périodes de grands froids. »

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Vortex imprévisible

Trois scénarios sont possibles en ce qui concerne le vortex polaire. Lorsqu'il se trouve dans un état stable, le Québec n'a rien à craindre pour les grands froids. Toutefois, s'il se déplace ou se scinde en deux, le risque qu'une poussée de froid survienne augmente considérablement. Soulignons que le phénomène de réchauffement stratosphérique est difficile à prévoir. Il a le pouvoir de changer l'allure de l'hiver de façon drastique et impromptue.

« Quand le vortex faiblit et s’étire, cela peut se traduire par des poussées de froid de portée limitée, mais du froid mordant tout de même, estime Réjean Ouimet. Un vortex qui se scinde en deux permet à un des centres de dériver sur nos régions et y demeurer sur une période plus longue. On vit donc du froid intense qui s’accroche, et cela condamne l’hiver de façon définitive vers le froid. Attention toutefois : le comportement du vortex polaire est encore difficile à prédire. »

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Avec la collaboration de Réjean Ouimet et Bertin Ossonon, météorologues.


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