Un éclair de Montréal à Rouyn-Noranda !
En juin dernier, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) attestait, dans un communiqué de presse, que deux nouveaux records à propos des éclairs avaient officiellement été battus. Le premier concerne la distance qu’un seul éclair peut parcourir et le second est en lien avec la durée de vie d’un éclair lors d’un événement orageux. Les deux épisodes se sont produits en Amérique du Sud. Selon l’OMM, le 31 octobre 2018, un éclair a voyagé sur plus de 700 km et le 4 mars 2019, un éclair unique a duré plus de seize secondes. À titre d’exemple, c’est comme si un éclair se formait entre Montréal et Rouyn-Noranda (722 km)! Mais comment ces deux records sont-ils possibles ?
Tout doit être en place
Les orages sont générés par d’immenses nuages appelés cumulonimbus. Ces nuages se forment grâce au soulèvement de l’air chaud contenant de l’humidité qui, une fois en altitude, se condense. Ce mouvement vertical de l’air s'appelle la convection. Plus la convection est forte et prolongée, plus le cumulonimbus sera gros. Le sommet du nuage aura tendance à s’étaler à l’horizontale. Cette portion du nuage large et aplati située tout en haut du nuage se nomme l’enclume, car sa forme rappelle l’outil d’un forgeron. Il n’est pas rare que celle-ci s’étende sur une quinzaine de kilomètres.
Dans un mouvement convectif, les molécules d’air vont se frotter les unes aux autres, créant de l’électricité statique. L’accumulation de cette électricité va, tôt ou tard, générer l’éclair. Chaque fois qu’un éclair prend naissance, l’atmosphère se décharge complètement de son électricité. Il faut alors attendre que la convection forme à nouveau de l’électricité statique pour voir un autre éclair se produire. Si un amalgame de plusieurs cumulonimbus géants se forme, ce phénomène prend le nom de système convectif de méso-échelle. Il peut alors s’étendre sur des centaines de kilomètres.
Aussi rare que de gagner à la loterie
Pour produire un éclair de plus de 700 km de long, il faut que tout soit mis en place précisément. D’abord, tous les éléments qui composent le système convectif de méso-échelle doivent arriver à maturité au même moment, ce qui est plutôt rare en soi. De plus, lors de sa formation, le système convectif de méso-échelle ne doit pas donner naissance à des éclairs, car, chaque fois, l’atmosphère se déchargera de son électricité et le tout sera à recommencer. Dans le cas qui nous intéresse, le 31 octobre 2018, au Brésil, tous les cumulonimbus, qui composaient le système de convection à méso-échelle, sont arrivés à maturité en même temps sans donner le moindre éclair. Une énorme surface de l’atmosphère était alors chargée d’électricité. L’éclair record a pris naissance au centre du complexe et s’est déplacé, en simultané, vers l’est et vers l’ouest. Au total, cet éclair record mesurait 709 km de longueur et s’est déplacé en utilisant les enclumes des cumulonimbus qui se côtoyaient.
Dans le cas de l’éclair qui détient le record de longévité, l’OMM confirme qu’il a eu une durée de vie de 16,7 secondes, le 4 mars 2019 au-dessus de l’Argentine. Les conditions pour voir naître ces méga-flash sont les mêmes que pour l’événement qui a eu lieu au Brésil. La seule différence est que celui de l’Argentine a débuté sur le flanc est du système convectif de méso-échelle et s’est propagé vers l’ouest, pendant plus de seize secondes.
L’arrivée d’instruments de fines pointes à bord des satellites météorologiques a permis d'authentifier ces deux nouveaux records. Selon l’OMM, ces instruments très sophistiqués vont sûrement permettre d’officialiser d’autres records à l'avenir. L’ancienne technique employée pour vérifier ce type de phénomène était basée sur une série de stations d’observation situées au sol, qui avaient des limites que les satellites n’ont pas.