Un grand classique hivernal en voie de disparition au Québec
Est-ce que le Québec a perdu ses bancs de neige ? Notre expert répond à la question.
Légende urbaine
Est-ce une légende urbaine d'affirmer que les bancs de neige sont en voie de disparition au Québec? Apportons une précision : ils sont issus de l'activité humaine. Si le vent peut déplacer un peu la neige pour former des tas, c'est surtout le pelletage qui crée ces montagnes blanches en ville. Évidemment, plus la neige s'accumule au sol, plus importantes seront les agglomérations.
« L’épaisseur de neige au sol a grandement diminué, estime Réjean Ouimet, météorologue. C’est du moins une opinion répandue. On ne mesure pas les bancs de neige en météo, mais bien l’épaisseur de neige au sol qui est vierge de toute activité humaine. On tolère toutefois l’activité du vent qui peut créer des congères. On doit faire une moyenne de différentes mesures pour en établir une valeur de neige au sol officielle. »
L'hiver en déclin
Si les bancs de neige ne sont plus ce qu'ils étaient, les hivers ont bien changé. La saison se réchauffe au Québec et les chutes de neige diminuent. Cela s'explique par plus de liquide aux dépens des précipitations solides en fin de compte. Toutefois, selon notre expert, le total tous types confondus montre une augmentation de 7 %. Donc, un climat plus chaud favorise une augmentation des précipitations.
« On a perdu 20% en chutes neige au cours des hivers depuis la fin du 20e siècle par rapport à ce qui tombait dans les années 1950 à 1980, affirme Réjean Ouimet. Et ce qu’on a perdu en neige on l’a gagné en pluie. C’est 40% de plus depuis 2000 en comparaison des années 1940 à 80. Et la pluie en hiver contribue évidemment à diminuer l'épaisseur de la neige au sol. On est alors doublement perdant. »
Phénomène inusité
Dans l'ensemble, nous pouvons affirmer qu'il y a moins de neige qui tombe au Québec qu'auparavant, mais un phénomène a de quoi surprendre : les méga bordées. Ces gros systèmes bien gorgés en humidité qui déversent d'importantes accumulations de 40 cm et plus. Curieusement, ces événements surviennent plus souvent depuis une trentaine d'années. Par conséquent, les bancs de neige de nos jours se comparent à ceux d'antan, mais de façon sporadique.
Avec la collaboration de Réjean Ouimet et Nicolas Lessard, météorologues.
