Un ouragan pourrait-il frapper le Québec?

Il n'est pas rare que les vestiges d'un système tropical frappent le Québec, mais qu'en est-il d'un ouragan en bonne et due forme?


Le constat est clair : il est pratiquement impossible qu'un ouragan de catégorie 1 en pleine forme se rende jusqu'au Québec. Sa situation géographique est particulièrement hostile à des perturbations d'une telle puissance.


Bon à savoir : Un ouragan de catégorie 1, selon l'échelle de Saffir-Simpson, possède des vents soutenus soufflant entre 118 et 153 km/h.


Plusieurs facteurs doivent effectivement être réunis pour qu'un ouragan se développe et conserve sa force.

  • Une zone de dépression déjà présente près de la surface;

  • Des eaux chaudes ayant une température de 26,5 °C ou plus sur au moins 50 mètres de profondeur;

  • Une chaleur et une humidité ambiante assez élevée pour alimenter le système;

  • Un faible cisaillement des vents, afin de favoriser son intensification.

Les Maritimes dans la ligne de mire

Des ouragans peuvent frapper les Maritimes assez régulièrement. Elles sont composées en grande partie d'îles (comme l'Île-du-Prince-Édouard) et de territoires côtiers (comme la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick). Cette grande proximité avec l'océan ouvre la porte aux systèmes tropicaux, qui peuvent les atteindre assez facilement sans perdre toute leur puissance.

Des ouragans de catégorie 1, voire de catégorie 2, peuvent frapper de plein fouet les provinces de l'Atlantique. Un exemple récent est l'ouragan de catégorie 2 Juan, en 2003. Des rafales de 158 km/h ont été enregistrées dans le port d’Halifax. Il a provoqué de nombreuses inondations et des milliers de pannes d'électricité. Plusieurs décès ont également été rapportés par les autorités.

Le Québec en mauvaise posture

Au Québec, ce n'est pas le cas.

Un ouragan qui évolue dans l'océan Atlantique doit passer par-dessus des terres avant de toucher les berges de la Belle Province, ce qui signifie qu'il perdra des plumes au passage. Privé d'humidité, le système aura tendance à faiblir rapidement au-dessus de la terre ferme. La rugosité du continent complique aussi la tâche.

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L'eau froide de l'océan Atlantique Nord met aussi des bâtons dans les roues des systèmes tropicaux. La température moyenne de l'eau du golfe du Saint-Laurent oscille entre 11 et 14 °C au cours du mois de septembre, ce qui est largement insuffisant pour un système qui puise ses racines dans le golfe du Mexique. Même en plein été, l'eau du bassin laurentien ne grimpe pas au-delà des 20 °C.

Il est également possible qu'un ouragan, en remontant vers le Québec, entre en interaction avec d'autres systèmes dépressionnaires en altitude. Ces derniers pourraient engendrer un cisaillement des vents, qui risque d'entraîner une perte d'intensité.

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Les restes d'un ouragan peuvent tout de même être dévastateurs

Même s'ils ont perdu leur statut d'ouragan, les vestiges des systèmes tropicaux peuvent causer beaucoup de dommages. Ce fut notamment le cas de Sandy, en 2012 : près de 183 mm de pluie sont tombés en 73 heures dans la région de Charlevoix, et près de 50 000 clients d'Hydro-Québec ont été privés d'électricité. Une tornade a même été enregistrée à Mont-Laurier.

Scénario similaire en 2011 avec l'arrivée d'Irene. Près de 170 mm sont tombés du côté de Montmagny et plusieurs régions ont été inondées, occasionnant des glissements de terrain. Les vents du nord-est ont soufflé à plus de 110 km/h le long du Saint-Laurent et 250 000 habitants se sont retrouvés sans électricité.


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