Verglas : entre danger et catastrophe
Le verglas n'est jamais inoffensif. Explications.
Le Québec, terre à verglas
La pluie verglaçante est un phénomène météo moins visible que la neige, mais elle peut faire plus de ravages. Glace noire, sorties de route, accidents, pannes d’électricité, le verglas est loin d’être inoffensif. Bon an, mal an, on enregistre 45 journées de verglas au Québec chaque hiver. Parmi celles-ci, au moins quatre épisodes sont d'importance. Le météorologue Réjean Ouimet a catégorisé les différents types en fonction des conséquences.
Les ingrédients nécessaires
Pourquoi le Québec est-il vulnérable pour les précipitations verglaçantes? C’est principalement en raison de sa position géographique. De fait, le contexte atmosphérique devient propice quand les précipitations sont empreintes de douceur et de froid. « Il nous faut tout d’abord une masse d’air froid bien ancrée sur le Québec, avec un anticyclone situé dans le centre, estime Réjean Ouimet. Cette configuration favorise l’entrée de vents froids du nord-est le long du Saint-Laurent. Ceux-ci vont plaquer l’air froid dans les couches basses de l’atmosphère dans le sud du Québec. Ajoutez à cela un système chaud, typiquement venu des États-Unis, qui chevauche l’air froid et apporte des précipitations sous forme de pluie. En tombant, les gouttes gèlent juste avant d’atteindre le sol. »
Catégorie 1 : épisode léger
Une couche de glace de moins de 5 mm au sol n'est pas un scénario à négliger dans un cas de verglas. Règle générale, il n’est pas suffisant pour causer une série de pannes de courant majeures. Il peut toutefois engendrer des accidents, surtout sur les routes moins bien entretenues pendant et après l’averse de pluie verglaçante. De plus, si les chemins sont dénudés de neige, la petite glace noire devient redoutable.
Catégorie 2 : épisode important
Ici, la couche de glace au sol et sur les structures peut atteindre jusqu’à 20 mm durant une averse pouvant durer jusqu’à 10 h. Dans ce cas-ci, on peut s’attendre à des milliers de pannes de courant et des accidents sur le réseau routier. « Des avertissements vont être émis et tout le monde se le tient pour dit, explique Réjean Ouimet. Cela n’empêche pas le phénomène d’avoir de graves conséquences. Outre les surfaces glacées, les accumulations de glace favorisent les chutes de branches parfois assez grosses. Les accumulations de glace sur les lignes de transport d’électricité occasionnent des dizaines de milliers de pannes. »
Catégorie 3 : verglas majeur
Cette dernière et ultime catégorie est la plus intense, avec des accumulations de glace de 25 mm et plus et avec des averses d’une durée pouvant dépasser 12 heures. Dans cette situation, on peut s’attendre à des centaines de milliers de pannes de courant et à de nombreux accidents. Mais il ne faut pas écarter l'éventualité d'une situation de crise comme en 1998, où de nombreuses villes dans le sud du Québec ont été privées de courant durant plusieurs jours.
Avec la collaboration de Bertin Ossonon et Réjean Ouimet, météorologues.