À quoi ressemblera l'automne en 2050?

Comment le paysage automnal changera-t-il au Québec d'ici 2050? Le spectacle de couleurs auquel nous sommes habitués deviendra-t-il un simple souvenir? La neige fera-t-elle une apparition l’automne ou devrons-nous patienter jusqu’au solstice d’hiver? Réponse à toutes ces questions.


C’est un fait : nos automnes se réchauffent. Effectivement, depuis les années 2000, la tendance est à la chaleur. D’ailleurs, entre 2001 et 2017, les températures ont été au-dessus des normales : il s’agissait de la plus longue séquence d’automnes chauds consécutifs observée depuis le début de la compilation des données, en 1871.

automnes consecutifs

La température moyenne à l'automne pourrait augmenter de plus de 3 °C d’ici les 30 prochaines années. À l'heure actuelle, c'est le mois de septembre qui a un réchauffement le plus marqué, permettant à l'été de s'étendre. Cette tendance de septembres plus estivaux sera maintenue pour les décennies à venir. Quant aux mois d’octobre et de novembre, la hausse des températures projetée d’ici 2050 s'annonce beaucoup plus timide. On prévoit donc un décalage de la fin de l'été et du début de l'automne.

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Douceur automnale

L’automne est une saison de conflits. D’un côté, l’air froid des pôles tente de s’établir sur la province, annonçant l’arrivée de l’hiver. De l'autre côté, l’air chaud et humide en provenance du sud des États-Unis hésite à céder sa place. Lorsque ce contraste thermique est bien défini, l’automne fluctue entre périodes de douceur de moins en moins fréquentes et une fraîcheur qui gagne de plus en plus terrain.

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Cependant, bien qu’il y ait une hausse des températures à l’échelle planétaire, ce réchauffement demeure inégal. Ce sont les pôles qui se réchauffent plus rapidement, alors que ce changement s'opère plus lentement à nos latitudes. Ce phénomène affaiblit le courant-jet et peut occasionner des situations de blocage. En 2050, cela signifie que l'on pourrait connaître de longues séquences de temps chaud et ensoleillé (été des Indiens !) en alternance avec des périodes prolongées de fraîcheur et de grisaille.

Les nouvelles températures normales que connaîtra Montréal en 2050 sont semblables à celles qui sont actuellement observées à l’extrême sud de l’Ontario. Dans ces régions, il y a en moyenne 18 jours au-dessus de la barre des 15 °C durant le mois d’octobre. Donc les poussées de chaleur seront beaucoup plus présentes dans le futur.

Les premiers signes de l’hiver

Plus de chaleur pour débuter l’automne signifie que la date du premier gel et de la première neige, présages de la saison hivernale, seront retardées. En 2019, on remarque déjà une diminution du nombre de jour de gel lors des mois automnaux. D’ici 2050, ce nombre de jours continuera de baisser. La date du premier gel, présentement autour du 12 octobre pour la région de Montréal, sera repoussée vers la fin du mois.

Quant aux premiers centimètres de neige, les dates pourraient être légèrement repoussées puisque le réchauffement sera moins marqué en octobre et en novembre. Il n’en reste pas moins que le mois de décembre se réchauffe à une vitesse impressionnante. De nos jours, les mois de décembre ont des températures moyennes aux alentours de -5 °C alors qu’ils seront autour de -3 °C dans une trentaine d’années seulement !

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Les couleurs d’automne

Pour favoriser les colorations automnales, les températures doivent être fraîches et le sol humide. Heureusement, on prévoit une hausse des précipitations lors de la saison estivale.

En temps normal, lorsque le mercure et la durée du jour sont en baisse, la production de chlorophylle cesse. Or, vers le milieu du siècle, la chaleur se taillera une place plus tôt au printemps et plus tard en septembre, ce qui allongera la saison des croissances. Elles ressentiront certainement la baisse de luminosité, mais la présence de la chaleur les empêchera de se préparer adéquatement pour la transition vers l'hiver. Les plantes seront donc plus vulnérables au gel. La saison des pommes, emblématique de l'automne, sera également retardée.

En conclusion, l’automne du futur aura beaucoup plus une allure estivale en première moitié et des allures semblables à celui qu’on connaît aujourd’hui pour la seconde moitié. Retardé par l'été, l’automne pourrait s’étendre quelques semaines plus tard.

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