Un automne spectaculaire avec deux cartes cachées
Septembre et octobre s'annoncent splendides, mais attention à novembre. Prévision.
En bref:
Pour plusieurs régions, l'automne sera splendide ;
Septembre et octobre s'annoncent plus chauds que la normale ;
Deux scénarios possibles pour une cassure en novembre ;
Les restes de tempêtes tropicales à surveiller au Québec et dans les Maritimes.
Un début fracassant
Dans l'imaginaire collectif, septembre serait un prolongement de l'été. Normal, puisque ces dernières années, les températures au-dessus de la normale ont dominé durant le mois, en particulier depuis 2020. En 2023, le Québec en a connu un spectaculaire : 27 mm de pluie seulement, une canicule et un mercure plus chaud que la normale. De plus, rappelons que la saison 2023 dans son ensemble a été record avec un mercure de 2,2 °C au-dessus de la moyenne.
Cette année, les météorologues de MétéoMédia prévoient que le scénario spectaculaire est en voie de se répéter en septembre et en octobre. Le résultat : de nombreuses belles journées au programme, des températures chaudes et agréables. Que demander de plus !
« L’automne 2024 sera le quatrième automne chaud consécutif au Québec, estime Réjean Ouimet, météorologue. Ce sera aussi la onzième saison plus chaude que la normale, soit depuis le printemps 2022. On prévoit la douceur et par moments la chaleur jusqu’en octobre. »
« L'automne commence bien avec du temps chaud et ensoleillé, explique André Monette, chef de la météorologie. À l'heure actuelle, on ne voit pas la fin de cette séquence. On va oublier rapidement la petite fraîcheur des derniers jours avec un mois de septembre plus chaud que la normale et beaucoup de soleil. »
La chaleur que l'on aime
Le contexte atmosphérique favorisant la chaleur cet automne met en scène un flux zonal. Cela signifie qu'elle provient davantage de l'ouest au lieu de remonter directement du golfe du Mexique vers le Québec. Par conséquent, les températures seront plus agréables et l'humidité moins présente. Septembre et octobre promettent des séquences beau temps spectaculaires, y compris pour les secteurs de l'est et des Maritimes.
« C'est une chaleur parfaite, estime André Monette. Le Québec n'aura pas de 30 °C avec beaucoup d'humidité étant donné que cet air chaud ne remonte pas directement vers nous. L'anticyclone se retrouve un peu plus à l'ouest de nos régions. Ce sera parfait pour les activités extérieures, pour aller aux pommes, faire des randonnées, etc. »
Ciel d'automne
Dans l'ensemble, le Québec verra moins de jours avec des précipitations, mais le passage d'une ou deux grosses tempêtes peut générer beaucoup d'eau. Pour la majorité des régions du Québec, les accumulations de pluie seront dans la moyenne. Toutefois, si la trajectoire des tempêtes tropicales nous évite, les quantités de précipitations seront sous la normale saisonnière comme ce sera le cas dans le nord-ouest de l'Ontario.
En Colombie-Britannique, l'automne s'annonce pluvieux puisque des systèmes bien gorgés en humidité en provenance du Pacifique risquent de générer des averses copieuses. Puis, à l'autre bout du pays, les Maritimes sont vulnérables pour subir les affres de l'activité tropicale. Parmi les régions plus arrosées, il faut compter la Nouvelle-Écosse, une partie du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve.
La première carte cachée
Les principaux ingrédients sont réunis pour favoriser la formation de tempêtes tropicales dans l'Atlantique. Au moment d'écrire ces lignes, la saison atteint son apogée. En automne, le Québec est à risque de recevoir les restes d'un ouragan qui remonte l'est du continent nord-américain. Nous l'avons vécu avec Beryl et Debby cet été et avec Philippe à l'automne 2023. Dans les Tropiques, l'action a ralenti durant le mois d'août. Toutefois, les hostilités ont repris du galon. Nous savons de quoi sont capables ces tempêtes même si elles ont perdu leurs caractéristiques tropicales une fois rendues chez nous.
« La chaleur en automne est une source d'énergie qui alimente les aléas de la saison, explique Réjean Ouimet. Lorsque des fronts froids costauds passent, ils peuvent être accompagnés d'orages violents. Les tempêtes automnales sont capables de générer des vents violents et des pluies abondantes. De plus, les restes de cyclones tropicaux peuvent nous valoir un mois de pluie en une seule journée : 100 mm et plus. »
Deux scénarios
La deuxième carte cachée de l'automne concerne le moment critique où le mercure chute de façon importante. Deux possibilités sont envisagées pour cette fameuse cassure. Si un plongeon survient tôt en novembre ou même vers la fin octobre, le contraste s'avère moins brutal. Souvenons-nous encore une fois de l'automne 2023. Un creux atmosphérique frappe au Québec le 29 octobre. Les enfants passent l'Halloween à 4 °C. Toutefois, le deuxième cas de figure nous rappelle de quoi l'hiver est capable : le froid sous zéro et la neige.
« Le plongeon devient plus intense quand la cassure survient plus tard en novembre, ajoute André Monette. Plus elle est tardive, plus elle peut être incisive et surprenante. Des maximums sous le point congélation sont possibles, un gros coup de froid. Il faut s'attendre à des tempêtes de neige. Personne n'est pas préparé ni habitué à un mercure à -5 °C ou -10 °C. »
Frissons de novembre
Une cassure de novembre signifie que le froid qui se bâtit au nord amorce une descente incisive vers nos latitudes. L'hiver peut s'installer définitivement avec des températures négatives dans le cas où le changement de paradigme survient plus tard durant le mois, mais une menace plane du côté des Grands Lacs : de fortes chutes de neige. De fait, la chaleur accumulée durant l'été et l'automne réchauffe l'eau de ces bassins tandis que l'air froid qui s'installe génère un important contraste. Des bourrasques peuvent surprendre et la neige peut s'accumuler à grande vitesse.
« La cassure la plus habituelle survient vers la deuxième semaine de novembre, poursuit Réjean Ouimet. Le contraste est vif quand même. La plus tardive est plus brutale et risque de nous plonger en hiver de but en blanc. Entre octobre et novembre, la baisse de température est en moyenne de 7 degrés. Ce sera davantage cette année. »
D'un océan à l'autre...
Colombie-Britannique : Températures près des normales, précipitations au-dessus des normales ;
Prairies : Températures au-dessus des normales, précipitations près des normales ;
Ontario : Températures au-dessus des normales, précipitations sous les normales ;
Québec : Températures au-dessus des normales, précipitations près des normales ;
Maritimes : Températures au-dessus des normales, précipitations près des normales, sauf pour les régions du sud (au-dessus des normales).
Avec la collaboration de Patrick Duplessis, Nicolas Lessard, Réjean Ouimet et André Monette, météorologues.