Un contexte atmosphérique mondial très inhabituel ce printemps
À l’échelle mondiale, certains grands acteurs météorologiques ont eu des impacts majeurs sur nos saisons au cours des dernières années. Mais ce printemps, la donne a complètement changé puisqu’aucun d’entre eux n’est véritablement présent. Ce contexte inhabituel et imprévisible n’est pas nécessairement une bonne nouvelle.
Au cours de l’hiver 2020, le patron météorologique mondial a beaucoup changé. Une anomalie d’eau chaude présente au nord-est du Pacifique (communément appelée « le Blob ») et un blocage atmosphérique présent au-dessus du Groenland ont disparu. Ces deux phénomènes permettaient respectivement la formation d’une crête des deux côtés du Canada. Résultat, le Québec se retrouvait très souvent coincé dans des poussées de froid arctique, voire extrême. Ce ne fut pas le cas cet hiver.
De plus, au centre du Pacifique, l’oscillation australe (El Niño ou La Niña) est neutre : « il n’y a, à l’heure actuelle, aucune anomalie notable de températures dans le centre du Pacifique », explique André Monette, chef du service de météorologie à MétéoMédia.
Un vortex polaire parfait
Au même moment, le vortex polaire (le principal vecteur d’air froid au Canada) s’est renforcé et stabilisé au pôle Nord. « Avec une forme ronde et parfaite, le tourbillon a retenu l’air arctique en son centre une partie de l’hiver, et a de fortes probabilités de continuer à le faire dans les premières semaines du printemps », explique le météorologue.
La conséquence pour le Québec ? Les descentes d’air froid habituelles pour la saison devraient être moins structurées. « Les poussées seraient courtes et moins intenses que si le vortex n’était pas aussi concentré », précise André Monette, ajoutant qu’en plus, cela permettra à l’air chaud présent dans le sud des États-Unis de pouvoir remonter plus facilement jusqu’au Québec.
Le Blob est mort... Longue vie au Blob ?
De l’autre côté du pays, la disparition du Blob n’est pas définitive. « Selon nos prévisions, le Blob a de fortes probabilités de revenir, mais pas tout de suite », indique M. Monette, avant de préciser qu’en cas de retour hâtif, ses impacts ne se feraient sentir qu’en seconde moitié de la saison, voire au début de l’été.
Si le Blob est de retour, un crétage se formera au-dessus de l’Alaska, aux États-Unis, permettant à la masse d’air arctique de glisser vers le Québec à cause d’un creux du courant-jet. « Ce changement de patron atmosphérique pourrait donc changer le visage du printemps », souligne le météorologue.
El Niño brille par son absence
Bien que l’oscillation australe soit neutre dans l’océan Pacifique, l’atmosphère semble agir comme si elle était en El Niño. Par exemple, au Québec, un hiver El Niño est plus doux que la normale, ce qui fut le cas cette année. Du côté des États-Unis, il est tombé beaucoup plus de pluie que la normale dans le sud des États-Unis, notamment en Floride, cet hiver. Une fois de plus, cela s’apparente à un contexte El Niño.
Au printemps, l’anomalie de températures n’a pas beaucoup d’impacts sur le Québec. Il reste à savoir si les températures de l’océan Pacifique, au niveau de l’équateur, évolueront au point de s’éloigner des normales au cours du printemps. Si c’est le cas, le mercure pourrait être plus influencé au Québec durant la saison estivale.
« L’évolution des grands acteurs météorologiques sera déterminante au cours de la saison, puisque si un changement a lieu rapidement, ou si l’un d’entre eux prend plus de place que les autres, cela aura un impact sur le printemps et l’été québécois : affaire à suivre », conclut André Monette.
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