Le printemps risque de jouer avec notre patience. Aperçu exclusif ici.
Réputé pour être une saison instable, surtout en raison des inondations et des variations de température parfois extrêmes, le printemps 2020 risque de ne pas faire exception. Selon MétéoMédia, on prévoit des températures marquées par des hauts et des bas, mais aussi un patron favorable aux systèmes dépressionnaires.
Cette année, compte tenu des modèles météorologiques et des années analogues à 2020 (soit des années où le patron météo était comparable au patron actuel), on prévoit des températures dans les normales de saison pour une grande partie des régions habitées du Québec. Comparativement aux deux derniers printemps québécois, « on peut dire que le mercure sera plus doux », indique M. Monette, chef météorologue à MétéoMédia, avant de préciser que « cela ne veut pas dire que la douceur sera au rendez-vous, sans interruption, durant les trois mois ».
En effet, avec les simulations thermiques réalisées par nos experts météorologues en fonction des données récoltées par les modèles météorologiques mondiaux, l’étau entre les masses d’air chaud et froid s’est resserré.
Pourtant, la première quinzaine de mars fut largement au-dessus des normales, mais malheureusement, une anomalie de douceur aussi importante ne risque pas de durer. En avril, la masse d’air froid sera plantée au-dessus de la baie d’Hudson, mais également sur une bonne partie du Québec, allant de l’Abitibi à la Côte-Nord. Cette proximité avec le vortex polaire pourrait faciliter les descentes d’air froid sur le Québec au mois d’avril. Anne-Sophie Colombani, vidéaste-météorologue, précise « qu’il n’y aura pas nécessairement de grand froid, mais le patron météorologique prévu provoquera un mercure plus régulièrement sous les normales de saison ». Avril risque de freiner notre séquence de mois consécutifs au-dessus des normales, débutée en décembre. « Par contre, cela sera temporaire puisque, pour l’instant, on ne voit pas de signe indiquant que mai serait un mois frais, plutôt le contraire », ajoute André Monette.
Il y a quelques semaines, il était prévu que la masse d’air chaud soit présente au sud des États-Unis. Avec les mises à jour des modèles météorologiques utilisés par nos experts météorologues, celle-ci remonte désormais jusqu’à la côte est américaine. Les poussées de douceur pourront être également régulières, mais davantage en fin de saison. « Si la tendance se maintient, ou que l’air chaud reste aussi près du Québec, il serait possible que l’été soit chaud », indique Anne-Sophie Colombani.
Normales de saison entre le 19 mars et 31 mai
Gatineau : 2 °C à 21 °C;
Montréal : 3 °C à 21 °C;
Sherbrooke : 3 °C à 21 °C;
Val-d’Or : 0 °C à 19 °C;
Québec : 1 °C à 20 °C;
Saguenay : 1°C à 19 °C;
Sept-Îles : -1 °C à 13 °C;
Gaspé : 1 °C à 17 °C.
Régime actif en perspective
Avec la masse d’air chaud présente sur le sud et l’est des États-Unis, les systèmes dépressionnaires pourront s’abreuver de l’humidité du golfe du Mexique et seront susceptibles de contenir d’importantes quantités d’eau. En remontant vers le centre des États-Unis, et en fonction de la position du courant-jet, les perturbations pourraient alors remonter facilement jusqu’au Québec, arrosant sur leur passage le sud de l’Ontario et les Maritimes.
Avec l’important couvert de neige présent au nord du Saint-Laurent, la fonte des neiges et les précipitations (pluie ou neige) pourraient engendrer des inondations dans certains secteurs. Heureusement pour les résidents près des cours d’eau, le couvert neigeux a fortement baissé ces derniers temps, grâce à la remontée progressive du mercure et aux précipitations importantes, ce qui n’engorge pas les rivières. Le risque d’inondations est toutefois toujours présent et reste à surveiller pour les prochaines semaines.
À noter toutefois que l’atmosphère est présentement « en pause », dans le sens où aucun des grands joueurs météo habituels n’est véritablement présent. L’oscillation australe (communément appelée El Niño ou La Niña) est neutre ; l’anomalie d’eau chaude présente dans le nord-ouest du Pacifique (et qui provoquait un crétage du courant-jet) a disparu ; le blocage du Groenland n’est plus... « L’atmosphère manque d’un chef d’orchestre, ce qui rend le sort du printemps plus imprévisible qu’à l’habitude », termine André Monette.