Au printemps, le contexte est propice aux feux de forêt
Dans l’esprit collectif de la population, le printemps c’est la saison du renouveau. La nature reprend vie alors que nous sortons de nos quartiers d’hiver pour savourer, à nouveau, la douceur du soleil. Malheureusement, cette saison est aussi le moment où le risque de voir des incendies forestiers prendre naissance est le plus grand.
Lorsque les feuilles ne sont pas encore de retour sur les branches, le soleil printanier frappe directement le sol de nos forêts. Celui-ci va plus rapidement s'assécher. Puisqu’il est composé essentiellement de feuilles mortes et de brindilles, le risque d'inflammabilité de l’humus devient très élevé. C’est le moment de l’année ou nos forêts sont les plus vulnérables. De nombreux éléments sont également importants dans la naissance et la propagation des feux de forêt.
La plus grande cause d’incendies reste l’activité humaine. Celle-ci est responsable de la naissance de 75 % des feux. Au printemps, plusieurs citoyens utilisent le feu pour se débarrasser des résidus qu’ils ont ramassés sur leurs terrains lors de leur ménage printanier. Il arrive parfois qu’ils en perdent le contrôle. Près de la moitié des incendies causés par l’homme sont dus à des activités récréatives comme les feux de camp. Les mégots de cigarettes sont encore aujourd’hui une importante cause de feu de forêt. La cause naturelle la plus fréquente est la foudre qui allume des incendies dans 20 % des cas.
Afin de déclencher un incendie, on doit conjuguer trois éléments. Il faut évidemment un combustible. Celui-ci prend la forme de broussaille, de brindilles, de lichen et de petites branches. Il faut également un comburant. C’est-à-dire un élément qui permet la combustion d’un combustible. C’est l’oxygène dans l’air qui joue ce rôle. Pour terminer, il faut une source d'inflammation. C’est-à-dire une source de chaleur qui peut être produite soit par la foudre, soit par l’activité humaine.
Les conditions météo jouent aussi un rôle important dans la naissance et la propagation des feux de forêt. Une température élevée favorise le risque d’inflammabilité et la propagation d’un brasier. Sans grande surprise, on peut aussi citer le vent comme étant un facteur important de propagation. Les précipitations ont aussi un rôle à jouer. La pluie va limiter ou ralentir la naissance ou la propagation d’un feu. Lorsque l’humidité relative est élevée, les combustibles ne sont pas aussi inflammables. En été, les feuilles dans les arbres assurent une humidité relative plus élevée dans l’écosystème forestier grâce à l’évapotranspiration. Il s’agit du processus par lequel les arbres injectent de la vapeur d’eau dans l'air par leurs feuilles. Puisque les feuilles ne sont pas encore présentes au printemps, le risque de feu est plus élevé.
Le type de combustible est un élément non négligeable. Les petits combustibles comme l’herbe sèche, les feuilles mortes, les aiguilles, les broussailles et les arbres de petite taille brûlent plus rapidement. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, certains éléments n’ont pas besoin d’être secs afin de brûler facilement. Les aiguilles de conifère encore vertes contiennent une importante quantité d’huile qui s'enflamme très rapidement.
Les combustibles de plus grande taille comme les troncs d’arbres matures, les souches et les grosses branches prennent plus de temps à s’enflammer, mais brûlent plus longtemps. Ils dégagent aussi plus de chaleur. Celle-ci demeure un facteur important de la propagation des incendies de forêt. De plus, lorsque les combustibles sont rapprochés les uns des autres dans la forêt, le feu se propage plus rapidement. C’est pour cette raison qu’il arrive que les sapeurs mettent intentionnellement le feu à une portion de la forêt. Ainsi ils créent une distance entre les combustibles et l’incendie qui se dirige vers ce secteur. Ceci a pour effet de ralentir la propagation du feu.
La topographie du terrain aura aussi un impact sur le travail des pompiers. Si l’incendie sévit sur une pente, il y aura un impact sur la direction de la propagation du feu. Si cette pente est abrupte, le feu se déplacera beaucoup plus rapidement. Si un terrain est orienté vers le sud, il recevra plus de chaleur du soleil. Les combustibles seront donc plus secs sur un terrain orienté vers le sud. De plus, le travail du soleil crée des vents de pente en favorisant le soulèvement de l’air. Ceux-ci sont plus forts sur le versant sud d’une élévation que sur le côté nord, qui est moins exposé aux rayons du soleil. Les sapeurs tiendront compte de la topographie et l'orientation du terrain lors de la mise en place du plan d’intervention. Une région parsemée de lacs et de rivières favorise le travail des sapeurs en ralentissant la propagation des flammes.
Même si les images qu’on voit le plus souvent des feux de forêt sont celles d’arbres qui brûlent, il existe une autre forme de feu qui est invisible et plus sournoise. Ce sont les feux de profondeur. Ils consument les racines. Celles-ci brûlent sous terre à l'abri des regards. Ces incendies se propagent lentement et sont actifs sur une longue période. Ils peuvent resurgir à tout moment.
Durant leur vie, les arbres absorbent le CO2 qui se trouve dans l’atmosphère. Ils se nourrissent du carbone et rejettent l’oxygène dans l’air. Pour cette raison, ils sont de formidables alliés dans la lutte aux changements climatiques. Lorsque l’arbre meurt et tombe au sol, il va relâcher tout le carbone qu’il aura absorbé durant sa vie. Ce processus est très lent puisqu’il se fait durant toute la période de décomposition de l’arbre. Cette période peut prendre quelques décennies. Ceci n’affecte pas la concentration de CO2 dans l’atmosphère, car le processus se fait depuis des millions d’années. Cependant lorsqu' une forêt brûle, tous les arbres rejettent en même temps tout le carbone qu’ils ont absorbé dans leur vie, en seulement quelques heures. Cet apport rapide contribue, quant à lui, à augmenter la concentration de CO2 dans l’air.