Cassure de novembre : quand le Québec passe le point de non-retour
Ce moment fatidique qui démarque le changement brutal.
Moitié-moitié
Novembre est un mois de transition entre deux saisons. Dans le sud du Québec, la normale de jour est à la baisse pour passer de près de 10 °C aux environs du point de congélation vers la fin du mois. C'est en novembre que les conditions hivernales – la neige et le froid – commencent à s'installer. Cette étape se déroule parfois de façon plus brutale : on parle alors de cassure. De fait, lorsque l'automne se déroule sous le signe de la douceur et que cette tendance se maintient durant la première moitié de novembre, le choc peut être grand. Ce scénario se réalise la moitié du temps.
« Lors d’un automne normal il arrive qu’on saute les étapes et on passe du quasi de l'été à l’hiver, explique Réjean Ouimet, météorologue. Ce choc est particulièrement à surveiller lors d’un automne chaud. La douceur n’est pas éternelle. Même si le temps est plus doux, les normales baissent d’environ un degré et demi par semaine. Donc, les frissons s’installent qu'on le veuille ou non. »
Et décembre?
Lorsque la cassure s'opère, peut-on systématiquement conclure que l'hiver est installé pour longtemps? La réponse est non. De fait, décembre joue une carte cachée, celle de la douceur. N'oublions pas que le premier mois de l'hiver météorologique est celui qui s'est le plus réchauffé au Québec depuis une trentaine d'années. Dans la majorité des cas, les températures douces dominent.
« Des huit cas pour la seconde moitié de novembre, le froid a été le début d’un mouvement de longue durée, confirme Réjean Ouimet. De telle sorte que le mois de décembre a été plus froid que la normale en 2000. Un autre cas, en 2008, décembre fut normal, aussi bien dire froid. Ce virage vers le froid fut donc passager à six reprises alors que le mois de décembre a été plus doux que de coutume. En 2001 ce fut un des mois de décembre les plus doux. »
Types de cassures
Dans la majorité des cas, la cassure est temporaire. Toutefois, il y a des exceptions, notamment celle de 2000, comme le souligne notre expert. Le coup de théâtre le plus mémorable est certainement celui de 1989. La douceur a persisté jusqu'au 16 novembre après quoi un choc brutal a secoué la province. Un vigoureux front froid a balayé le Québec et le contraste de températures a même généré une tornade à Mont-Saint-Hilaire, en Montérégie. Par la suite, décembre a été le plus froid enregistré depuis le début des relevés.
« La rupture s’opère en moyenne autour du 15 novembre, affirme Réjean Ouimet. Divers scénarios sont alors possibles, soit le froid vient par petites touches de quelques jours. Dans ce cas le vortex est plutôt distant et le froid plutôt mal organisé ne tient pas longtemps. L’autre scénario minoritaire : le froid peut s’installer pour un mois jusqu’au cœur de décembre. Ce fut le cas en 1997 et en 2021. En 2000, il est définitif. Dans ce cas, le tracé des vents en altitude va puiser l’air arctique loin au nord et cet écoulement d’air est tenace. »
Avec la collaboration de Bertin Ossonon et Réjean Ouimet, météorologues.