Certains facteurs pourraient gâcher notre hiver
De quoi l'hiver sera-t-il fait? Ces facteurs détiennent des réponses.
Le théâtre hivernal
La circulation atmosphérique détermine la domination de la douceur ou du froid, de même que l'abondance et la fréquence des précipitations en hiver. Évidemment, il faut s'attendre à un certain va-et-vient en ce qui concerne les séquences d'anomalies, ou les températures au-dessus et sous la normale saisonnière. Certains phénomènes exercent une grande influence sur l'allure de notre saison. En voici quelques exemples. Notre expert Réjean Ouimet analyse les forces en présence à l'aube du début de l'hiver météorologique au Québec.
« Un blocage atmosphérique au Groenland favorise un apport d'air froid sur la Belle Province, explique Réjean Ouimet, météorologue. À l'inverse, les eaux chaudes dans l'océan Atlantique et le phénomène La Niña sont généralement vecteurs de températures plus douces. Le fameux vortex polaire a déjà commencé à se déplacer du pôle vers nos latitudes en Europe. Ces données semblent contradictoires, mais un ou des acteurs vont dominer à un certain moment. »
La Niña perd des plumes
La NOAA estimait que le phénomène La Niña allait s'installer à temps pour l'hiver. Ces derniers jours, il semble que l'anomalie d'eau froide dans le Pacifique équatorial tende à se dissiper en partie. Un tel épisode peut exercer une bonne influence sur l'allure de notre hiver au Québec. Cette fois, il jouerait un rôle moins important.
« Le processus est teinté d’hésitation au point où son rôle serait mineur si la tendance actuelle se maintient, poursuit Réjean Ouimet. Le phénomène risque donc de perdre en importance cette année. »
Quand ça tourne au froid
Ce que l'on nomme la crête en Alaska peut faire basculer le Québec dans un froid intense. L'hiver 2013-2014 a été marqué par ce courant atmosphérique qui a généré une trajectoire du courant-jet défavorable pour la Belle Province. Les vents forts en altitude ont passé au sud de la frontière pour permettre à l'air froid de s'engouffrer. Cette année, ce phénomène ne semble pas faire partie de l'équation.
« Un trouble-fête qui manque à l’appel pour l’instant, estime Réjean Ouimet. L’eau du nord de l’océan Pacifique au sud de l’Alaska est plus froide que de coutume ce qui gêne la formation d’une crête qui contribue habituellement à envoyer du froid vers l’est du continent. On n’est jamais à l’abri d’un revirement de situation dans cette région du globe. »
Temps doux
Nous l'avons mentionné à plusieurs reprises depuis un certain temps : les eaux des océans sont anormalement chaudes. C'est encore le cas cette année. Ceci peut signifier de la douceur pour le Québec en fonction du positionnement du courant-jet. D'autre part, de puissants systèmes côtiers peuvent représenter une menace en remontant jusqu'à nos latitudes. Toutefois, cette année, il semble que le contexte atmosphérique soit favorable au premier scénario.
« L’eau chaude au large de la côte peut être un élément positif pour le Québec, affirme Réjean Ouimet. Ceci pourrait favoriser le développement d’une crête qui nous permettrait de connaître du temps exceptionnellement doux sur des périodes plus ou moins prolongées. »
Avec la collaboration de Réjean Ouimet et Nicolas Lessard, météorologues.