Et si le Québec avait déjà atteint l'apogée de sa chaleur…
On sait que juillet est le mois le plus chaud de l'année au Québec, mais ce sommet est-il déjà atteint en début de mois?
Quand la chaleur extrême se manifeste en juin, on a parfois l’impression que l’été est à son apogée. Certains auront même déjà hâte à l'automne. On a eu plusieurs exemples ces dernières années de chaleur extrême hâtive ou tardive. Par exemple en 2020, où la température la plus chaude de l'année à Montréal avait été atteinte le 27 mai avec un mercure exceptionnel de 36,6 °C.
Alors, quand situer l’apogée de la chaleur? Et l’a-t-on déjà atteint cet été?
L’apogée de la chaleur semble avoir lieu dans la deuxième moitié de juillet
Lorsqu'on regarde les moyennes saisonnières au début juillet, le sud du Québec se situe autour des 26 °C, ce qui est près des normales les plus hautes de l'année, soit environ 27 °C dans le sud, mais pas tout à fait là encore. Évidemment, ces valeurs diminuent en montant vers le nord.
En se fiant à ces températures moyennes, l'apogée de la chaleur semble avoir plutôt lieu dans la deuxième moitié du mois de juillet. Nous ne l’aurions donc pas encore atteint cette année.
Le saviez-vous? Le pic de la chaleur est atteint un peu plus tôt en général dans l'ouest du Québec que dans l'est. La différence s'explique par la proximité des grands bassins d'eau à l'est qui prennent plus de temps à se réchauffer. Par exemple, l'apogée de la température de l'eau du golfe du Saint-Laurent et de l'Atlantique est plutôt vers la fin août, voire le début septembre.
Les pics de chaleur se déplacent
Pour ce qui est des extrêmes de température, le portrait est un peu différent. Si l'on regarde historiquement le nombre de jours avec 30 °C et plus pour chacune des semaines de juin jusqu’à la fête du Travail, on observe un pic qui a changé à travers les décennies.
Selon les données prises entre 1961 et 1990, la distribution des fortes chaleurs atteignait un sommet assez bien aligné avec le moment où les normales sont les plus chaudes; vers la troisième ou quatrième semaine de juillet.
Par contre, lorsque l’on regarde les décennies récentes, on voit un nouveau pic émerger, qui supplante même le pic d'origine. On voit de plus en plus de chaleur extrême vers la fin juin et le début juillet, si bien que 20 % des journées de la première semaine de juillet atteignent désormais la barre des 30 °C, contre 19 % pour la troisième semaine.
À ce titre, nous serions statistiquement dans l'apogée de l'été... ou du moins, dans un des apogées de l'été.
L’absence de fraîcheur
Les dernières années illustrent bien cette croissance de la chaleur à cheval entre juin et juillet. En 2018, une canicule de sept jours sévit du 29 juin au 5 juillet avec des températures atteignant 35 °C à Montréal. En 2020, trois canicules ont eu lieu entre le 17 juin et le 10 juillet.
Pourquoi la normale la plus chaude ne coïncide-t-elle pas avec la plus haute fréquence des extrêmes chauds? La réponse est plutôt en lien avec la présence ou non de fraîcheur.
C'est en effet dans la deuxième moitié de juillet que la fraîcheur est la moins présente. Même si les chaleurs extrêmes sont peut-être un peu moins présentes, la fraîcheur est encore plus absente, ce qui a pour effet de maximiser les températures moyennes. La fin juillet est d'ailleurs le moment de l'année où les variations de température sont les plus petites au Québec.
Avec la collaboration de Patrick Duplessis, météorologue.