Quatre impacts du changement climatique sur vos allergies
Attention, victimes d’allergies ! Bien que vous ressentiez déjà les effets du pollen présent dans l’air au printemps et en été, le changement climatique aggrave les choses de quatre façons majeures.
Au printemps, ce sont les arbres. Au début de l’été, les graminées. Puis, de la fin de l’été au début de l’automne, on retrouve la redoutable herbe à poux. Les saisons vertes peuvent être accablantes pour une grande partie de la population qui souffre en raison de la présence de pollen dans l’air que nous respirons.
Comme si ce n’était pas suffisant, il existe des preuves que le changement climatique nuit aux personnes allergiques, de quatre façons distinctes :
Prolongement de la saison des allergies
Production de pollen accrue
Augmentation du « potentiel allergène » du pollen
Migration des espèces allergènes
1) Prolongement de la saison des allergies
Avec le réchauffement planétaire, les périodes de floraison de certains végétaux — que nous appelons les « saisons des allergies » se prolongent.
« Au Canada, depuis une quinzaine d’années – en particulier en ce qui concerne l’herbe à poux – les données que j’ai consultées indiquent que la saison des allergies s'allonge en moyenne d'un mois », affirme le professeur Michael Brauer, de la Faculté de médecine – École de la santé publique et des populations de l’université de la Colombie-Britannique.
Selon ce dernier, cette tendance se confirme également aux États-Unis. Toutefois, plus vous allez vers le sud, moins la saison s’allonge.
« La situation est particulièrement évidente plus au nord, où le climat est plus froid », dit-il.
Cette tendance va de pair avec les données déjà recueillies sur les effets les plus marqués et les plus rapides du réchauffement planétaire et les changements climatiques qui en découlent – le réchauffement étant environ deux fois plus rapide dans l’Arctique que dans les autres régions du monde.
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2) Production de pollen accrue
Peut-être avez-vous entendu parler du « vortex pollen »? Ou regardé des vidéos en ligne montrant les énormes nuages de pollen libérés lorsqu’on secoue un pin, même légèrement?
Si vous avez l’impression que ce phénomène est récent, vous n’avez pas tort. Le changement climatique en est également la cause, mais dans ce cas, la température n’y est pour rien.
« Ce n’est pas l’augmentation des températures, explique Michael Brauer, « mais plutôt celle du dioxyde de carbone ».
Selon le professeur Brauer, les études démontrent que la quantité de pollen produite par les végétaux augmente à mesure que la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère s’accroît.
Graphique: La hausse du taux de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Il montre qu'il n'y a jamais eu autant de CO2 dans l'atmosphère depuis les 400 000 dernières années. Crédit: Data: National Oceanic and Atmospheric Administration.
Toutefois, ce n’est pas seulement qu’il y a plus de pollen.
3) Augmentation du « potentiel allergène » du pollen
Chaque grain de pollen s’est révélé plus allergisant, ou plus puissant, pour ce qui est de déclencher des réactions allergiques.
« Il y a de petites molécules sur les grains de pollen qui réagissent avec les récepteurs et chaque grain en contient davantage », explique M. Brauer.
Encore une fois, en raison de l’augmentation de dioxyde de carbone dans l’air, les grains de pollen des différentes espèces végétales produisent davantage de molécules chimiques responsables de la libération d’histamine par le système immunitaire chez les personnes souffrant d’allergies.
Ainsi, alors qu’un nombre de plus en plus élevé de grains de pollen envahissent le ciel, chacun de ces grains est plus allergène qu’auparavant.
Chez les personnes ayant souffert d’allergies saisonnières légères par le passé, l’abondance de pollen associée à son potentiel allergène accru pourrait causer des réactions plus sévères pouvant même s’aggraver au cours des années à venir.
Celles qui souffrent déjà d’allergies saisonnières graves pourraient être moins affectées que les personnes habituées à des réactions plus modérées – en raison des précautions et des traitements qu’elles prennent déjà afin de limiter leur exposition et leurs symptômes, mais également parce que leur système immunitaire provoque déjà la réaction maximale possible par exposition.
4) Migration des espèces allergènes
Si vous habitez dans une région généralement exempte d’herbe à poux et d’autres plantes allergènes, et que les allergies saisonnières ne vous ont pas posé de problèmes à ce jour, votre chance pourrait être de courte durée.
À mesure que la planète se réchauffe en raison des changements climatiques, les zones climatiques s’étendent et migrent vers le nord. De ce fait, les espèces végétales qui prolifèrent dans ces zones migrent elles aussi et se propagent dans des régions où elles étaient absentes auparavant.
« Ce qui signifie qu’une personne sensible à l’herbe à poux, par exemple, vivant dans une région dépourvue de cette espèce se porte bien », explique Michael Brauer. « Si l’herbe à poux se propage dans sa région, il se peut qu’elle commence à ressentir des symptômes ».
Ainsi, la hausse des températures pourrait faire augmenter le nombre de personnes souffrant d’allergies puisqu’un plus grand nombre de personnes qui, sans le savoir, sont sensibles à ces végétaux y seront soudainement exposées pour la première fois.
Selon M. Brauer, il est aussi possible que certaines espèces parmi les plus allergènes ne puissent survivre ou ne pas être aussi abondantes dans les nouvelles régions où elles pourraient s’étendre ou dans leurs régions habituelles puisque ces dernières subissent les changements climatiques.
« C’est donc plus difficile à prédire avec exactitude », conclut-il.