Le printemps en avance de deux semaines dans une région du Québec
C'est une tradition vieille de plus de 100 ans : tenter de deviner à quelle date le lac Saint-Jean va caler. Ceux qui ont choisi une date hâtive cette année ont eu la main heureuse.
Une condition précise
Une nouvelle date est inscrite dans le grand livre de cette tradition : le 3 mai 2023. C'est à cette date que le lac Saint-Jean a calé. Plus précisément, au moins 70 % de sa glace a disparu. Selon le site « departdesglaces.org », la mesure d'une telle date n'a pas toujours été faite avec grande précision. Jusqu'au milieu du siècle dernier, un citoyen armé de grosses jumelles scrutait l'étendue de glace et d'eau libre pour officialiser la date.
Plus de rigueur qu'à l'époque
Depuis les années 70 environ, des aviateurs survolent le lac, et peuvent donc évaluer la proportion de glace restante avec beaucoup plus de précision. Il est logique que cette tâche revienne aux pilotes d'avion. Le lac a longtemps été un point de relais important pour les hydravions qui se dirigeaient par la suite vers le nord. Il était donc crucial pour les pilotes de savoir s'ils pouvaient y amerrir pour se ravitailler.
Une expression qui sème la confusion
L'expression « le lac est calé » est purement québécoise, et son origine n'est pas parfaitement claire. Selon une légende, des gens misaient sur la date de la disparition des glaces sur le lac. Pour déterminer ce jour avec précision, ils stationnaient une voiture sur la glace. Quand la voiture calait, la date était atteinte. Cette hypothèse est peu crédible, car non seulement le barème pour la mise se serait avéré coûteux, mais après quelques années, le lac se serait rempli de carcasses de voiture. L'explication plus vraisemblable est que certaines fois, la glace disparait tellement vite du lac que celle-ci semble s'alourdir et caler au fond du lac. La glace reste toujours moins dense que l'eau, évidemment. Au printemps, elle se fragmente souvent en cristaux, sous forme d'aiguilles. Par grands vents, cette structure se désagrège. Le contact entre la glace et l'eau est alors multiplié, et la glace fond rapidement.
Le printemps prend de l'avance
La fonte de la glace du lac Saint-Jean s'est produite environ deux semaines plus tôt que la date moyenne cette année. C'est habituellement lors de la deuxième semaine de mai que l'on peut déclarer le lac libre de glace. C'est en fait la deuxième fonte la plus hâtive des 10 dernières années. En 2021, elle avait été d'une rapidité exceptionnelle, se produisant le 16 avril, la date la plus hâtive depuis 1945. En 2022, on avait retenu la date du 13 mai, et en 2020, le 12 mai, soit deux dates presque exactement selon la moyenne.
Des nuits moins froides
Le mois d'avril a peut-être semblé plus frais que la normale dans cette région du Québec. Dans les faits, le fameux blocage a bien causé des températures sous les moyennes durant le jour, mais le mercure est rarement descendu sous le point de congélation durant la nuit après la vague de douceur. Dans l'ensemble donc, la température moyenne a été un degré au-dessus de la normale pour la saison, ce qui explique cette fonte un peu hâtive.
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