Printemps : le Québec a pris son mal en patience en mars
Mars 2023 a, somme toute, été une extension de l'hiver : pas de réelle chaleur, peu de records et une neige abondante ont ponctué les dernières semaines.
Le mois de mars est traditionnellement un mois ponctué par de grands écarts de températures. Entre la plus haute et la plus basse température enregistrée au Québec au cours de ce mois, l’écart est de 78 °C. « Il a déjà fait près de 30 °C et pas loin de -50 °C si on considère l'ensemble du territoire. C’est le plus fort décalage de tous les mois de l’année », dévoile l'expert Réjean Ouimet.
Cependant, 2023 fait exception. Le taux de variation, soit la différence entre les jours les plus froids et les plus chauds, est le plus mince depuis 1943 pour la ville de Montréal. L'écart entre les températures minimales et maximales est aussi plutôt bas.
Une plus grande abondance de nuages n'est pas étrangère à cette tendance. « Il est temps que cela change, car nous entrons dans la moitié de l’année où le soleil devient un acteur de premier plan sur le plan de la chaleur. Une journée de soleil est, en général, plus chaude qu’une journée de nuages entre avril et octobre », précise Réjean Ouimet.
La chaleur printanière prend du retard... sauf dans l'est du Québec
Si le mercure tend à prendre du galon entre la première moitié du mois et la deuxième, ça n'a pas vraiment été le cas cette année. Mars 2023 est resté stable, et les records sont peu nombreux. Résultat : un décalage de 5 à 10 jours pour les premières manifestations de chaleur printanière se fait sentir.
L'exception à la règle est l'est du Québec, qui a vu les chiffres sur le thermomètre monter à plusieurs reprises au-dessus des normales saisonnières. Ceci s’explique par le fait que l’anticyclone du Groenland en situation de blocage a favorisé cette douceur sur l'est de la province. Sept-Îles a donc connu ses premiers 10 °C le 8 mars dernier, soit près de trois semaines avant Montréal (29 mars), alors que c'est très souvent l'inverse qui se produit.
Le mois de mars se conclut avec une température moyenne de 1 °C au-dessus des normales saisonnières dans le sud du Québec, mais l'anomalie grimpe de 2 à 3 °C dans l'est. « Il est à noter que le mois de mars est le sixième mois consécutif plus doux que la normale, soit depuis octobre 2022 », dévoile l'expert.
Plus de neige que d'habitude
Un scénario similaire se joue du côté des précipitations. « On a eu moins de jours de précipitations dans la plupart des régions de la province que d’habitude. Pas question non plus de ces tempêtes monstres typiques de cette période de l’année », explique Réjean Ouimet.
La neige flirte avec les normales saisonnières pour la majorité des secteurs. Cependant, la rive nord du fleuve Saint-Laurent, allant de l'Outaouais jusqu'à la Mauricie, est particulièrement gâtée. Les sept bordées auxquelles le Québec a eu droit au cours des dernières semaines y ont élu domicile – soit près du double que ce que la province reçoit pendant un mois de mars typique. « Dans l'Outaouais et à Montréal, même si le mois de mars a été modeste en neige, c’est le plus gros hiver de neige depuis 2008. Et ce n’est pas fini! », estime l'expert.
Les flocons ont étiré leur visite un peu plus longtemps que d'habitude : la neige au sol est restée stable entre le début et la fin du mois, alors qu'elle perd généralement beaucoup de plumes. La pédale douce sur le réchauffement et la neige en hausse expliquent cette tendance.
Il reste donc beaucoup de travail à faire avant de parler d'un vrai printemps...