L'été change : le Québec n'y échappera pas
Le visage de l'été change et le Québec n'y échappera pas.
En bref :
La tendance aux étés chauds est indiscutable;
Les séquences de canicule augmentent en nombre;
La chaleur et le beau temps vont bien ensemble.
Les étés changent
Fait remarquable au Québec : les étés changent. Et ce n'est qu'un début. La tendance aux saisons chaudes s'est amorcée vers la fin des années 2010. De fait, on n'a pas vu d'été frais depuis 2017. Notre expert Réjean Ouimet a analysé le comportement de la belle saison depuis une trentaine d'années. Le constat est probant.
« On utilise ici les températures moyennes des trois mois provenant des stations principales du Québec méridional, explique Réjean Ouimet, météorologue. La tendance depuis les années 1990 indique deux phénomènes. D’abord, le début de la période a été marqué dans les années 1990 par des étés majoritairement frais. À l'inverse, les derniers étés ont été plus souvent chauds pour ne pas dire très chauds. »
Cent ans de changement
Les étés chauds sont marqués par le nombre de jours avec une température de 30 °C et plus. Évidemment, il faut considérer la région méridionale du Québec pour compiler cette caractéristique. En comparaison, le constat est plus frappant pour la métropole que pour Québec. Depuis 100 ans, ce seuil de chaleur intense est passé du simple au double.
« Dans le cas de Montréal, le nombre moyen de journées chaudes ou caniculaires a pratiquement doublé par rapport à il y a 100 ans, confirme Réjean Ouimet. On est passé de 7,5 journées dans le temps ancien à plus de 13 journées dans la période plus moderne. Le seuil de 30 degrés est plus difficile à atteindre à Québec. La tendance semble rester en dehors de la fourchette des 30 pour l’instant. »
Bon an mal an
Pour les étés au Québec, il y a les petits crus et les grands crus. Dans l'absolu, ces saisons sont souvent marquées par des séquences caniculaires suffocantes. Faut-il s'en souhaiter davantage? Pour de nombreuses personnes, la réponse est négative. Du reste, la tendance s'alourdit ces dernières années.
« Si on regarde les grosses années du côté de Montréal, on en trouve neuf surtout récemment, poursuit Réjean Ouimet. À l’opposé, les années où le nombre de journées chaudes est nettement sous la moyenne avec 7 ou moins, ce nombre est plus élevé que celui des grosses années. On les retrouve davantage durant la décennie de 1990. C’est arrivé cinq fois durant cette période, aucune depuis 2017. Malgré tout, il est encore possible de connaître un été de nos jours où la chaleur est moins suffocante. »
Tendance lourde
Même si l'écart entre les étés d'antan et les plus récents est plus prononcé dans l'extrême sud du Québec, aucune région n'y échappe. Tout compte fait, même en comparant deux périodes très récentes, le nombre de journées chaudes augmente avec le temps. De fait, la tendance s'accélère.
Le chaud et le beau
Si l'on considère les étés plus chauds que la moyenne pour l'ensemble du Québec, affirmons d'emblée qu'ils sont aussi beaux. Par exemple, une saison normale compte 54 journées sans précipitations. En combinant cette caractéristique à celle des températures, l'on parvient à un résultat qui définit la réputation d'un bel été.
« Force est de constater que l'ensemble des conditions de ces étés a penché systématiquement du côté des beaux étés, affirme Réjean Ouimet. Soit huit cas d’étés chauds équivalant à huit cas d’étés majoritairement beaux. »
Avec la collaboration de Réjean Ouimet, météorologue.