Oubliez les quatre saisons, pourquoi ne pas diviser l’année en six ?
Dans les communautés autochtones, on aborde les saisons de l’année en fonction des activités sur le territoire. Par exemple chez les Innus, au lieu des quatre saisons, on fait référence à au moins six temps importants de l’année et leur description revêt un caractère poétique.
Shikuan (printemps)
Le printemps est le temps où la terre reprend vie, explique Armand Mackenzie, relationniste pour le Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec.
Nissi-pishim (mai)
« Au printemps, un peu comme la journée de la marmotte, c’est lié à des événements particuliers sur le territoire. Par exemple, il y a le mois où les canards arrivent sur le territoire et c’est tout de suite suivi par la lune des outardes au mois de mai (nissi-pishim). Ce sont des activités importantes de chasse pour les peuples autochtones. »
Uapikun-pishim (juin)
Autre temps marquant, le mois de juin, synonyme de la naissance des fleurs. Ce mois est aussi associé à la pêche au saumon pratiquée autrefois par les Innus sur les grandes rivières de la Côte-Nord.
Upau-pishim (août)
Au mois d’août, c’est la remontée vers le territoire et un moment où les oiseaux prennent leur envol. Puis le mois suivant, les caribous perdent le velours sur leurs bois.
Uashtessiu-pishim (octobre)
« Le plus beau moment, tant qu’à moi, est uashtessiu-pishim (octobre), souligne M. Mackenzie. C’est le mois de l’année où la terre est ensoleillée. Elle prend différentes couleurs. »
Pishimuss, tshishe-pishim (décembre et janvier)
Arrivent ensuite les grands mois de l’hiver. Un moment de noirceur et de grands froids.
« Un peu comme la perdrix qui, à ce temps de l’année, ne bouge pas beaucoup, se recouvre, cale dans la neige et conserve sa chaleur, les Innus, mon peuple, nous étions tranquilles, nous restions dans la tente en attente du printemps et du renouveau de la terre. »
Une relation étroite avec la nature
Chaque peuple autochtone a sa propre relation avec le temps en lien avec les activités qui se déroulent sur le territoire. Par exemple, dans la vallée du Saint-Laurent, la récolte du maïs est un moment important de l’année pour les Mohawks.
« Ce qu'il y a lieu d’apprendre de cette relation particulière que nous avons avec le territoire, c’est d’être à l’écoute de la façon dont la terre réagit face à l’activité humaine. On parle de changement climatique et de réchauffement de la planète, affirme M. Mackenzie. Ça nous interpelle à écouter le poumon de la terre et à être sensibles par rapport à la situation climatique dans le monde. »
Ces saisons de l’année nous rappellent ce que nous faisions à l’époque et ce que nous continuons à faire dans notre relation avec le territoire et les animaux, souligne-t-il.