Pourquoi certains feuillus conservent leurs feuilles en hiver ?
Ils détonnent du reste du paysage hivernal : ces arbres, contrairement aux autres, gardent leurs feuilles même après leur mort. Ce phénomène, appelé marcescence, est observable chez certaines espèces d'arbres. MétéoMédia s'est entretenu avec David Wees, chargé de cours au Département des sciences végétales et directeur adjoint du programme Gestion et technologies d’entreprise agricole (GTEA) à l'université McGill.
« Même si nos espèces d’arbres caduques perdent normalement leurs feuilles mortes à l’automne, certaines espèces retiennent une partie de leurs feuilles mortes pendant l’hiver et parfois jusqu’à l’apparition des nouvelles feuilles au printemps », explique de prime abord le spécialiste. « Les exemples les plus connus sont les hêtres et certaines espèces de chêne, en particulier le chêne anglais, très utilisé en aménagement paysager au Québec ». Cette espèce de chêne, originaire de l'Europe, a été introduite au Québec et en Amérique dès le début de la colonisation. Il est maintenant naturalisé à bien des endroits du continent nord-américain.
Multiples théories... et pas encore de consensus
Les scientifiques n'ont pas encore établi la raison exacte derrière ce phénomène. M. Wees explique que « l'on pourrait penser que la marcescence serait une mauvaise stratégie pour la survie de l’arbre, car les feuilles vont geler durant l’hiver et mourir de toute façon. Cependant, la présence de plusieurs feuilles brunies pourrait cacher les jeunes bourgeons qui sont en dormance durant l’hiver et ainsi empêcher des herbivores, comme le cerf ou l’orignal, de les brouter ce qui serait particulièrement dommageable sur les jeunes arbres ». Il ajoute que cela pourrait expliquer pourquoi le phénomène de la marcescence est plus fréquemment observé chez les jeunes arbres plutôt que chez les arbres matures. « En effet, les vieilles feuilles brunes, sèches et mortes sont peu appétissantes et contiennent peu de nutriments ».
Autre théorie envisageable : la présence de feuilles mortes pourrait permettre de réduire le dessèchement des bourgeons et des jeunes tiges durant la saison hivernale. « La déshydratation hivernale fait souffrir les arbres et la présence de ces feuilles en hiver pourrait retenir un peu plus de neige à la base de ces arbres : au printemps, la neige qui fond servirait de source d’eau à ces individus », continue-t-il.
Finalement, ces feuilles mortes pourraient servir d'engrais aux jeunes arbres au moment de la décomposition au printemps. « Les arbres plus vieux, et donc plus « gourmands » à cause de leur énorme système racinaire, auraient déjà emmagasiné une très grande partie des minéraux qui sont dégagés dans le sol à la suite de la décomposition de la majorité des feuilles qui seraient tombées à l’automne. En effet, les racines d’arbres sont encore actives à l’automne, même après les premiers gels ».
La conclusion ? Les recherches se poursuivent afin de confirmer les théories actuellement avancées.
SOURCES : Wunderground | Arbo quebecium | David Wees, chargé de cours au Département des sciences végétales et directeur adjoint du programme Gestion et technologies d’entreprise agricole (GTEA) à l'université McGill
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