Un gel au sol printanier tue-t-il les bourgeons en croissance ?
Lorsque les températures douces reviennent au printemps, les arbres commencent leur processus de débourrement des feuilles, laissant sortir, en premier lieu, leurs bourgeons. Toutefois, il peut arriver qu’un gel au sol vienne chambouler leur éclosion. Qu’arrive-t-il à ce moment-là ?
Est-ce que les bourgeons tombent ? Est-ce qu’ils meurent ? Est-ce qu’ils ont la capacité de retourner à l’intérieur de leur branche ? Ce sont Sabrina et Alex qui nous ont envoyé cette question via Facebook. Ils veulent savoir quel destin est réservé aux bourgeons qui sortent tôt en saison, mais qui sont frappés par un gel au sol.
Tout d’abord, sachez que les bourgeons ne tombent pas, ne meurent pas et ne retournent surtout pas à l'intérieur de leur branche en cas de gel. Regardons cela de plus près.
Les degrés-jours de croissance
Au Québec, le mois de mars marque le passage de l’hiver au printemps. À ce moment, les températures plus douces s’invitent. Cette remontée du mercure permet à la nature de se réveiller tranquillement. Toutefois, les gels au sol sont loin d’être derrière nous. En effet, les derniers surviennent en moyenne à la fin avril pour le sud du Québec. Cela peut s’étirer jusqu’en début juin, notamment pour la Gaspésie et la Côte-Nord.
Malgré tout, une succession de journées clémentes permet au processus de débourrement des feuilles de s’enclencher. Cela commence lorsque l’arbre a accumulé assez de chaleur pour que ses racines puissent absorber l’eau à nouveau. Ainsi, sa sève peut se frayer un chemin jusqu’à ses extrémités pour nourrir les bourgeons en devenir. C’est ce que l’on appelle les degrés-jours de croissance.
Cette unité de mesure est utilisée surtout en agriculture puisqu’elle permet d'estimer la croissance et le développement d’une plante. C’est ainsi qu’on peut savoir le moment exact où un fruit fait son apparition par exemple. D’ailleurs, le froid est indispensable au débourrement des feuilles. Sans lui, nos arbres seraient dénudés toute l’année. Le débourrement survient à un moment différent selon l’espèce végétale, mais aussi selon la position géographique et la météo. Au Québec, les régions du sud voient leurs bourgeons apparaître avant les autres. Bien sûr, des températures douces tôt en saison font apparaître les bourgeons en avance. Le contraire est aussi valable : des températures froides au printemps retardent l’apparition des feuilles.
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Un bourgeon tenace, une feuille sensible
Une fois que les bourgeons se sont pointés le bout du nez, ils sont là pour de bon. D’autant plus que les arbres indigènes du Québec et du Canada sont là depuis des milliers d’années. Ce n’est pas le premier gel qu’ils vivent. C’est dans leur génétique de résister à ces aléas du printemps. Toutefois, cela est valable seulement pour les bourgeons. En effet, les feuilles et les fleurs sont sensibles aux gels. Advenant le cas où elles se font surprendre par un gel tardif, leur croissance peut être interrompue. Une conséquence majeure peut frapper les arbres fruitiers dont les fleurs ne produiront aucun fruit. Vous avez peut-être déjà vécu le phénomène si vous détenez un arbre exotique. C’est pourquoi bien connaître les degrés-jours de croissance de votre végétal vous évitera de mauvaises surprises.
Bien entendu, il arrive que l’on se promène dehors au printemps et que l’on trouve beaucoup de bourgeons sur le sol. Ce n’est pas causé par un gel, mais bien par des précipitations et des vents. Vous remarquerez que c’est après le passage d’un système que plusieurs bourgeons recouvrent le sol.
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