Un des grands mystères de l'Amazonie, enfin résolu
Pour assurer sa survie et celle de ses écosystèmes, l'Amazonie produit son propre climat. Cependant la déforestation est en train de tout bouleverser.
Une équipe de chercheurs américains vient de démontrer que la forêt amazonienne peut générer sa propre pluie. Le climat de cette vaste forêt est constitué d’une saison sèche de mai à septembre et d’une saison des pluies de décembre à mai. Mais, que se passe-t-il de septembre à décembre ? C’est ce à quoi se sont intéressés les chercheurs parce qu’il y pleut même si les conditions ne s’y prêtent pas. C’est seulement à partir de décembre que l’orientation des vents permet un influx en provenance de l’Atlantique amorçant ainsi la saison des pluies.
Ne pas sous-estimer l’évapotranspiration
Pendant ces deux mois, l’intensité des précipitations n’est pas aussi élevée qu’après le mois de décembre. Premier constat des scientifiques : l’arrivée de cette pluie coïncide avec la période de croissance des arbres. En pleine croissance, les arbres font plus de photosynthèse augmentant le phénomène d’évapotranspiration, un mécanisme naturel d’évaporation par les feuilles qui permet aux plantes de faire circuler la sève brute dans leur système. En utilisant les images de la NASA, les scientifiques ont découvert du deutérium (un isotope naturel de l’hydrogène) en grande quantité dans l’atmosphère de l’Amazonie pendant cette période de l’année. Puisque l’évaporation venant de la mer ne génère pas cet élément, ils en ont conclu qu’il venait des arbres. Ceci confirme que le taux d’évapotranspiration est plus élevé pendant la période de croissance. Cet apport supplémentaire d’humidité dans l’écosystème favorise la formation de précipitations.
L’enjeu est énorme
Le rythme de déforestation auquel est soumis la forêt amazonienne est si élevé que bientôt la forêt se pourra plus produire assez de pluie pour assurer sa survie et va lentement se dégrader et se transformer en savane, rejetant du même coup dans l’atmosphère des milliards de tonnes de carbone accumulés au fil des siècles. Cet apport de CO2 va avoir un immense impact sur le réchauffement global et modifiera les patrons météorologiques de l’Amérique du Sud. En août 2019, la déforestation était déjà 222 % plus élevée qu’en août 2018.